Le superéthanol-E85 (composé de 85 % d'éthanol fabriqué à partir de betteraves ou de céréales) a le vent en poupe. En 2022, les volumes consommés en France ont progressé de 83 %. Cela fait grimper sa part de marché des essences à 6,5 % (4 % en 2021), selon des chiffres présentés par la Collective du bioéthanol (1) en conférence de presse ce 24 janvier 2023.

Vente "inédite" de véhicules flex-E85

Cette augmentation profite de la hausse de la consommation d'essence en 2022 (+10,7 %, soit un retour au niveau de 2007) et de la croissance "inédite" de la vente de véhicules flex-E85 d'origine. 35 000 voitures de ce type ont été vendues en 2022, soit six fois plus qu'en 2021. Et "sur la seule année 2022, 85 000 nouveaux boîtiers de conversion E85 homologués ont été installés contre 30 000 en 2021 et 15 000 en 2020", signale la Collective. À ce jour, 220 000 véhicules à essence sont équipés de boîtiers de conversion pour rouler au superéthanol-E85. Par ailleurs, plus de 3300 stations-service proposent ce biocarburant (553 de plus par rapport à l'année précédente).

Hausse du prix

L'engouement des automobilistes intervient alors que le prix du superéthanol a fortement progressé en 2022 dans le sillage des énergies fossiles, notamment le gaz. Il a même dépassé 1 €/l en ce début d'année, pour atteindre 1,11 €/l au 20 janvier. "Mais à cette date, l'E85 est toujours moins cher que le SP95-E10 (–0,76 €/l en moyenne) et apporte 675 euros d'économie pour 20 000 kilomètres", calcule Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA (Syndicat national des producteurs d’alcool agricole).

Des perspectives

La collective du bioéthanol vise 8 % de parts de marché en 2023. Et va même plus loin en anticipant 5 millions de voitures fonctionnant à l'E85 à partir de 2035, consommant seulement 3,5 litres pour 100 kilomètres. Elle estime que 1 % de la SAU permettra de produire 18 millions d'hectolitres de bioéthanol à cette date, contre 12 millions actuellement.

Des perspectives positives permises notamment par le nouveau réglement européen sur les émissions de dioxyde de carbone des véhicules légers, adopté à la fin de 2022. Ce texte maintient l’objectif de décarbonation totale des véhicules neufs vendus à partir de 2035,  il envisage le recours aux carburants neutres en carbone au-delà de cette échéance. "Cet accord ouvre la voie à des voitures hybrides rechargeables flex-E85 qui consommeront du superéthanol-E85, devenu 100% renouvelable en remplaçant sa part actuelle d’essence fossile par de l’essence synthétique (e-fuel de type essence), par exemple", explique la Collective du bioéthanol.

(1) La Collective du bioéthanol est représentée par l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) et le Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA).