Plusieurs rapports ont permis d’affiner ces derniers jours les estimations de production mondiale de céréales comme d’oléagineux, avec le 9 décembre 2025, la publication du rapport Wasde du ministère américain de l’Agriculture (USDA) sur l’état de l’offre et de la demande mondiale. L’USDA confirme l’abondance de blé dans le monde, avec des hausses de production attendues en Argentine, en Australie, au Canada, dans l’Union européenne et en Russie. « C’est 8,9 millions de tonnes de production en plus, essentiellement chez les grands exportateurs, qui porte la production mondiale de blé à 837,8 millions de tonnes », a relevé Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media.
Les cours du blé, à la Bourse de Chicago comme sur Euronext, ont essuyé un repli très modéré après cette annonce car ces chiffres étaient déjà connus et « assez largement intégrés par le marché », a expliqué Sébastien. Poncelet.
La récolte mondiale record de céréales se confirme (09/12/2025)
Optimisme américain pour le maïs
La petite surprise du rapport est venue des chiffres du maïs : l’USDA n’a pas modifié son estimation de récolte aux États-Unis, toujours extraordinaire à 425 millions de tonnes, mais a relevé à 81,3 millions de tonnes les exportations (contre 72,6 millions de tonnes l’an dernier).
Du fait de cette hausse des exportations américaines de grain jaune, « les estimations des stocks finaux de maïs étaient inférieures aux prévisions les plus basses des traders », ce qui a soutenu les prix, a indiqué Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors. "Mais si l’on regarde nos plus gros clients, comme le Mexique, la Corée du Sud et le Japon, on constate qu’il n’y a pas eu d’augmentation des importations. Nous devons donc surveiller cela et voir si ces pays finiront par augmenter leurs importations ou non », a-t-il ajouté.
Pour Sébastien Poncelet, les cours du maïs sont aussi relativement soutenus en Europe du fait des « difficultés d’exportation de l’Ukraine — avec une récolte tardive et des lenteurs logistiques — qui laissent la part belle aux autres exportateurs ».
Le rapport de l’USDA a d’ailleurs abaissé ses estimations de production de maïs en Ukraine de 3 millions de tonnes, à 29 millions de tonnes (ce qui reste supérieur à la production de l’an dernier), et réduit les exportations de la graminée ukrainienne de 1,5 million de tonnes.
Soja en baisse
Les cours des oléagineux, du soja au colza, pâtissaient à la fois d’incertitudes quant à la demande chinoise et d’une production florissante de canola (colza OGM), au Canada notamment.
Alors qu’en dix jours, les cours du canola ont reflué de 7 % à la Bourse de Winnipeg, le reflux a été plus mesuré (-2,7 %) sur le marché européen : « On a des montagnes de colza au Canada et en Australie, des origines sont plutôt attendues au printemps en Europe. Sur Euronext, le colza résiste du fait des faibles exportations d’Ukraine », a indiqué Sébastien Poncelet.
Quant au soja, deux facteurs expliquent le reflux des prix sur le marché américain. Le premier élément réside dans « une certaine prise en compte dans les prix du rythme décevant des exportations de soja, compte tenu de l’accord commercial entre les États-Unis et la Chine », a relevé Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.
Si le président Donald Trump s’est félicité, le 8 décembre, des « quantités immenses de soja que la Chine achète », les observateurs du marché estiment qu’on est encore très loin des 12 millions de tonnes que la Chine se serait engagée à acheter aux États-Unis d’ici fin février (et non plus début janvier) dans le cadre de négociations commerciales — selon le nouveau calendrier fourni par Washington.
Le deuxième facteur est lié à « la météo en Amérique du Sud » et notamment le sud du Brésil, qui « semble sur le point de recevoir des pluies bien nécessaires », a indiqué Michael Zuzolo. Or le Brésil, de loin le premier exportateur mondial, récolte son soja à partir de janvier et jusqu’en mars : il déversera une colossale récolte (estimée à 175 millions de tonnes) sur le marché mondial, venant concurrencer de plein fouet la graine oléagineuse américaine.