« Le premier producteur d’œufs français refuse de s’engager contre l’élevage en cage », dénoncent les quelques centaines d’affiches placardées par L214 sur les abribus ou les panneaux publicitaires à Rennes et dans sa périphérie.
Une douzaine de manifestants
Pour valoriser cette campagne, l’association a organisé une manifestation le 18 avril dans le centre de Rennes, avec une douzaine de bénévoles, pour se rendre ensuite à nouveau au siège du groupe Avril, à Bruz.

Une nouvelle charge contre les modes de production qui heurte les agriculteurs, qui se sont réunis, à près de 80, devant le groupe Avril, pour attendre les militants, en profitant de l’occasion pour distribuer des œufs aux passants.
1 milliard d’euros en dix ans pour le bien-être animal
« Il y a un plan de filière, et nous demandons aux associations de le respecter », proteste Fabienne Combot-Madec, directrice de la FRSEA Bretagne. Car les producteurs ont déjà montré leur préoccupation pour le bien-être animal, en investissant, depuis 2010, près d’un milliard d’euros pour adapter leurs pratiques.
Face à l'extrémisme animaliste @FRSEA_Bretagne Les citoyens ne se trompent pas
— menier jean rene (@menierjeanrene) April 18, 2019
Distribution d'œufs
Conventionnel
Bio
Plein air
Tous #agriculteurs pic.twitter.com/SmvvRw1bLU
Un effort de taille, dans un contexte ou la hausse de la production d’œufs de plein air ou biologique, en réponse à la demande des consommateurs, a entraîné les cours à la baisse. « Le prix doit rester suffisamment élevé pour permettre aux agriculteurs de continue à produire. Et certains secteurs, comme la pâtisserie, et la transformation en général, continuent à nous demander des œufs standards », rappelle Fabienne Combot-Madec.

Grâce aux efforts des producteurs, des industriels et de la filière en général, près de la moitié des œufs produits en France seront produits hors cages d’ici à un an. « On aura atteint l’objectif avant le délai imparti, qui était fixé à 2022. Le secteur évolue, et les associations doivent arrêter de stigmatiser les producteurs », exige Fabienne Combot-Madec.
Un mouvement mondial
L214 sollicite Avril sur le sujet des œufs en cage depuis un an, et a interpellé le grand public par la diffusion d’images prises dans cinq élevages, sans obtenir l’engagement désiré. « Près de 150 entreprises se sont déjà engagées à supprimer les œufs de cage à l’horizon de 2025, comme les œufs de Geslin, Cocotine, le groupe D’Aucy, Le Gouessant ou encore l’Œuf de nos villages », lance Léo Le Ster, chargé de campagne chez L214.

Selon lui, l’autre enjeu soulevé par les producteurs, à savoir la fuite des fournisseurs vers d’autres origines continuant à produire des œufs en cage, ne tient pas. « C’est un mouvement mondial, et des associations dans tous les pays d’Europe vont dans le même sens. Les deuxièmes plus grands producteurs d’Europe, les Britanniques de Noble foods, se sont eux aussi engagés », explique Léo Le Ster.
Cette convergence internationale des actions des différentes structures n’est sans doute pas étrangère aux conditions de financement des fondations actives sur le bien-être animal dont beaucoup, comme Open Philanthropy, ont fait des œufs en cage l’un de leurs chevaux de bataille.
Stop aux intrusions
Il y a cependant, ce 18 avril, une autre raison à la mobilisation des agriculteurs devant le groupe Avril. « Nous venons aussi pour crier notre ras-le-bol d’éleveurs aux intrusions dans les élevages », rappelle Fabienne Combot-Madec. Car depuis le début du mois d’avril, les visites se multiplient dans les exploitations du grand Ouest.
« Là, on ne parle pas d’associations qui organisent des événements pacifiques, mais bien d’actions illégales », prévient Fabienne Combot-Madec. Ce seraient ainsi plusieurs milliers de dindes qui seraient mortes étouffées en Bretagne et en Normandie faisant suite à des visites d’organisations aux méthodes plus musclées que celles de L214. Un élevage de porcs a également fait l’objet d’une tentative de « libération ».
Ce que les producteurs réclament, une nouvelle fois, ce sont des condamnations, par lesquelles la justice marquerait, comme elle l’a fait pour les dégradations de commerces, que ces intrusions violent des droits élémentaires de propriété. « Les éleveurs hésitent à porter plainte, par peur de la stigmatisation, des représailles, et par découragement devant la lenteur des procédures. Et pendant ce temps, les militants, quant à eux, ne craignent rien et se filment à visage découvert, sans considération pour les normes sanitaires et les dispositifs de biosécurité », regrette Fabienne Combot-Madec.