Comme les autres espèces, les volailles ont des besoins comportementaux innés qu’ils expriment naturellement : se déplacer, explorer, se percher, effectuer des bains de poussière, avoir un repos de qualité, etc. « On se focalise de plus en plus sur ces besoins car ce sont des indicateurs clés pour détecter de potentiels soucis de santé. Il y a un équilibre entre les attentes de l’animal, ses besoins et ses conditions de vie », explique Mathilde Stomp, responsable du bien-être animal à l’Itavi.
Détecter de potentiels soucis de santé
Des matériaux ou aménagements pour satisfaire ses comportements apparaissent dans les élevages, quelquefois demandés dans le cadre d’un cahier des charges. Mais ont-ils un réel intérêt pour l’animal ? Pour répondre à cette question, l’Itavi a réalisé des enquêtes dans cinq élevages (poulets lourds à croissance rapide), afin d’analyser le comportement des animaux mais également pour connaître le point de vue de l’éleveur sur le travail et la pénibilité. « L’objectif est de guider au mieux les producteurs sur les choix d’enrichissements. Il s’agit de trouver un équilibre entre le bien-être du poulet, la satisfaction de l’éleveur sans impacter les performances économiques. »
1. Besoin de se percher
Plateformes, ballots de paille, linéaires (pieds, treuils, en A) : il existe différents types de perchoirs. D’après l’étude, les plateformes, plus larges, permettent d’avoir une meilleure stabilité. « Nous avons remarqué que les poulets effectuent moins de toilettages sur les perchoirs linéaires car leur forme n’est pas toujours adaptée à la conformation des pattes », indique Mathilde Stomp.
Les éleveurs ont exprimé leur satisfaction de voir leurs animaux se percher. Ils émettent touttefois un bémol en matière d’installation, et particulièrement de nettoyage et de désinfection supplémentaire.
2. Besoin d’explorer
« Parmi les matériaux pour l’exploration, les blocs à picorer, les ballots de paille et les ficelles c’est-à-dire les plus friables, se sont révélés les plus efficaces pour stimuler le comportement d’exploration et l’activité des animaux », explique la spécialiste.
Les pourcentages d’animaux ayant un comportement de picorage sont plus importants dans les zones où se trouvent ces enrichissements. « Les ficelles sont facilement mises en place dans les élevages. Le ballot de paille est plébiscité par les producteurs car il peut servir de perchoir, de matériau d’exploration et être utilisé pour repailler la litière en fin d’utilisation. En général, les éleveurs qui en utilisent produisent la paille sur leur exploitation ce qui en limite le coût. En revanche, les poulets ont très peu utilisé les chaînettes, les ballons et les sacs de granulés. »
3. Faire des bains de poussière
« Il s’agit d’un besoin fondamental lié à l’hygiène qui se perd avec l’avancée en âge de l’animal. Le poulet effectue des bains de poussière lorsqu’il a accès à un substrat sec et friable avec de fines particules », précise l’ingénieure.
Davantage de comportements de bains de poussière ont été observés par rapport au lot témoin sans bac, mais ces résultats ne sont pas statistiquement significatifs.
4. Se protéger et se reposer
Les poulets ont tendance à se coucher le long des parois du bâtiment. Ajouter des panneaux verticaux pleins permet de proposer des zones de repos supplémentaires. Le seul éleveur de l’enquête à le pratiquer en était satisfait. Ces aménagements nécessitent cependant du temps de mise en place.
Isabelle Lejas