C’est une réunion de la branche normande de Jeunes Agriculteurs, à 15 heures, qui a lancé l’idée de la manifestation le même jour suite à un nouveau refus du plan de reprise par Südzucker. À 19 heures, la presse était prévenue, et les agriculteurs bloquaient déjà le site avec une arracheuse. Une poignée d’entre eux sont restés toute la nuit, protégés par une benne. Et au petit matin, ils ont à nouveau été rejoints par leurs camarades de galère, pour une conférence de presse.
« On a attendu des médias qui nous avaient assurés de leur présence, mais ils ne sont pas venus, et nous avons levé le camp à 13 heures », explique François-Xavier Hupin, président de Jeunes Agriculteurs dans le Calvados. L’action était symbolique, mais les manifestants auront tout de même réussi à bloquer 5 camions et 7 citernes.
Coup de semonce
« Aujourd’hui, on n’a plus rien à perdre, déclare François-Xavier Hupin. On a étudié nos possibilités sur le plan juridique, et on est prêts à agir. Si Saint-Louis et Südzucker ne se montrent pas plus coopératif, ça sera la campagne la plus longue. » Ce que les jeunes voulaient montrer mercredi soir, c’était donc avant tout leur détermination.
François-Xavier Hupin a cependant été surpris d’apercevoir si peu de planteurs devant l’usine. Il y a bien sûr les foins, et la récolte qui démarre, mais l’enjeu de la fermeture de Cagny reste très élevé pour les producteurs locaux. « On a l’impression de se heurter au fatalisme de certains. Pourtant, chez Jeunes Agriculteurs, ça nous paraissait inévitable de réagir à cette annonce », confie-t-il.
Parce que les moyens existent, selon lui, d’empêcher encore les 1 200 planteurs concernés par la fermeture de devoir abandonner la betterave. Il suffirait, par exemple, de modifier la loi Florange, pour exiger le démantèlement de l’usine, ou bien de nationaliser cet outil de production performant. « Si l’usine n’était pas rentable, il y a bien longtemps que Südzucker nous aurait dit : “Allez, on vous la vend” », s’agace François-Xavier.