« Nous avons constaté de nombreuses incohérences dans les différentes réglementations sur lesquelles la Commission européenne est en train de travailler, a alerté Valérie Corre, directrice des affaires réglementaires concernant l’alcool éthanol chez Tereos, lors d’une journée organisée par l’AFJA, l’Association française des journalistes agricoles, le 21 octobre 2021 à la sucrerie distillerie du groupe à Origny-Sainte-Benoite dans l’Aisne.
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Les biocarburants de première génération mal vus
« Son Pacte vert qui vise à réduire de 55 % les gaz à effet de serre d’ici à 2030, prévoit une diminution de 13 % pour les transports routiers, mais maintient le plafond pour les biocarburants de première génération, à 7 % », a-t-elle rappelé.
Valérie Corre pointe aussi du doigt un mode de calcul très différent entre les émissions de gaz à effet de serre des véhicules électriques, pris en compte uniquement au pot d’échappement de la voiture, et celui du bioéthanol, calculé tout au long du process de production, depuis la culture de la betterave jusqu’à la roue de la voiture.
Un objectif impossible à atteindre
« Les voitures électriques ne représentent que 0,6 % du parc européen, souligne Valérie Corre, qui est aussi présidente du syndicat des producteurs d’éthanolEpure, European Renewable Ethanol Association. Même si leur progression est rapide, les voitures thermiques continueront en 2030 à constituer 80 % du parc européen, et dans ce contexte, l’objectif de 13 % ne pourra pas être atteint. »
Valérie Corre met aussi l’accent sur le fait qu’on accuse encore et toujours les biocarburants cultivés et produits en Europe, de contribuer à la déforestation et de prendre la place de l’alimentaire alors qu’ils ne représentent que 2,12 millions d’hectares en Europe lorsque les jachères occupent 7 millions d’hectares.
Pour elle, les réglementations qui se profilent à Bruxelles peuvent mettre en péril la filière des biocarburants en Europe. « C’est pourquoi avec les autres membres d’Epure, nous demandons une mutualisation du plafond d’incorporation de bioéthanol dans l’essence de 7 % à l’échelle de l’Union européenne », explique-t-elle.
« Pour le moment, le plafond est prévu pays par pays, poursuit-elle. Comme la France est à 6,8 %, elle risque d’être rapidement bloquée alors que la demande des consommateurs est en forte progression. Il existe une marge de manœuvre, la moyenne de l’Union européenne est 4 %. »