Le. Copa-Cogeca (organisations européennes d’agriculteurs et de coopératives) a adressé une lettre le 22 avril 2020 à la Commission européenne pour l’alerter sur les conséquences potentielles de la crise du Covid-19 sur les huiles végétales, le biodiesel, les tourteaux et le secteur de l’éthanol.
Vers une phase de « grande instabilité »
« Face à la baisse de la production européenne et des mesures de distanciation sociale dans l’Union européenne (UE) et dans le monde, les marchés de sous-produits végétaux riches en protéines risquent d’entrer dans une phase de grande instabilité », indique le Copa-Cogeca via un communiqué.
« La superficie plantée en cultures riches en protéines est inférieure d’environ 30 % à son niveau le plus élevé atteint en 2018-2019, poursuivent les organisations européennes. Dans ce contexte, de possibles perturbations de l’approvisionnement des principaux pays producteurs (États-Unis, Amérique du Sud et Inde) sont à craindre car la pandémie pourrait bien s’accélérer dans ces régions. »
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Lever des restrictions phytosanitaires
Pedro Gallardo, président du groupe de travail sur les graines oléagineuses et protéagineuses au Copa-Cogeca, appelle la Commission à « lever temporairement certaines restrictions à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques pour les cultures fixant l’azote dans les zones d’intérêt écologique ».
Il estime que cette approche « augmenterait la production intérieure de soja, pois, haricots et lupins sur des terres au-delà des zones bénéficiant d’un soutien sous la forme d’un soutien couplé volontaire ».
En raison du confinement, la consommation de carburant et le prix du pétrole brut se sont effondrés, de même que la demande de biocarburants. « Si aucune mesure n’est prise, d’énormes volumes d’éthanol américain et brésilien inonderont le marché intérieur de l’UE, ce qui mettra en péril non seulement le secteur européen de l’éthanol, mais aussi le secteur de l’alimentation animale non génétiquement modifié de l’UE qui est approvisionné en sous-produits végétaux riches en protéines », déplore le Copa-Cogeca.
Soutenir et protéger les biocarburants européens
Pour Alexander Bachler, président du groupe de travail sur la bioénergie du Copa-Cogeca, « il est essentiel que la Commission agisse rapidement pour soutenir sa production intérieure de biocarburants. Nous devons immédiatement établir des mesures de sauvegarde efficaces contre les importations d’éthanol en provenance des États-Unis ou du Brésil. »
« Nous devons refuser les demandes de suspension temporaire des tarifs sur l’éthanol et maintenir les mesures antidumping qui s’appliquent actuellement aux importations de biodiesel en provenance des États-Unis, ajoute-t-il. Enfin, nous ne devons pas céder à la pression pour réduire l’incorporation de biocarburants certifiés durables produits à partir de cultures arables de l’UE et mettre immédiatement en œuvre dans les États membres l’acte délégué visant à réduire les biocarburants à haut risque ILUC » (indirect land use change — changement indirect d’affectation des sols).
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