Le 10 octobre 2023, l’organisation internationale Foodwatch a annoncé la publication de son nouveau rapport (en anglais) sur l’utilisation des produits phytosanitaires en Europe (résumé en français). L’ONG a cette fois-ci décidé de faire un focus sur les céréales, en raison des surfaces qu’elles représentent sur le territoire européen. « Pour la première fois, nous avons regardé de plus près la question des céréales utilisées pour fabriquer nos baguettes, farines, pâtes, flocons d’avoine, céréales de petit-déjeuner et plats préparés », détaille-t-elle dans son communiqué.

Responsabiliser les distributeurs

Pour son étude, Foodwatch a mené une enquête auprès de vingt acteurs de la grande distribution en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse. « Les réponses de Carrefour, Super U, E. Leclerc, Casino, Monoprix et Intermarché […] nous amènent à un même constat : si l’on retrouve chez chacun de ces distributeurs des stratégies plus ou moins avancées et ambitieuses pour réduire les pesticides sur les fruits et légumes, aucun distributeur n’a adopté une stratégie incluant globalement la production de céréales », déplore Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatch France. Et de signaler tout de même que certains distributeurs ont lancé des démarches, mais qui concernent peu de produits vendus dans les rayons.

À l’échelle française comme européenne, Foodwatch exige donc des distributeurs de prendre leur responsabilité en augmentant l’offre de produits céréaliers « sans produits phytosanitaires », jusqu’à en faire une offre exclusive pour toutes leurs gammes. L’organisation souhaite également davantage de transparence de la part des distributeurs, qui devraient selon elle, mettre à la disposition des consommateurs des données sur la part des produits issus de céréales cultivées avec et sans produits phytosanitaires.

Des résidus globalement sous les seuils

Foodwatch s’est aussi intéressé aux résidus de produits phytosanitaires présents dans les produits céréaliers. Sur la base des données publiques de l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’organisation a constaté, pour l’année 2021, une détection de résidus phytosanitaires pour 37 % des 2 234 échantillons analysés. Les dépassements des limites maximales de résidus (LMR) ne concernaient que 14 d’entre eux.

Par ailleurs, la prévalence des résidus de produits phytosanitaires était très variable d’un produit céréalier à l’autre. Ainsi, selon l’analyse de Foodwatch, des résidus ont dépassé le seuil de détection dans moins de 10 % des échantillons de grains d’épeautre et de seigle, contre près de 90 % des échantillons de pain et de petits pains de blé.

« Même si globalement, les résidus sont sous les valeurs maximales réglementaires, […] leur impact sur notre santé sur le long terme est largement méconnu », défend l’organisation, qui considère qu’il faudrait aussi prendre en compte les effets cocktails.