Sur le Champ-de-Mars, cyclistes, sympathisants et représentants d’associations écologistes se sont réunis pour un pique-nique avant de partir en cortège dans les rues de Paris, sous une bonne garde policière. « Grille par grille, bâche par bâche, on détruira toutes les bassines », ont chanté les manifestants arrivés en début d’après-midi d’Orléans, où ils étaient établis depuis jeudi devant le siège de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Échec des discussions à Orléans

Une délégation a été reçue vendredi, pendant plus de cinq heures, par Sophie Brocas, la préfète de la Région Centre-Val-de-Loire et coordinatrice de bassin. Elle a réclamé sans succès un moratoire sur les projets de bassines en cours, avant d’occuper les locaux de l’agence de l’eau. Le dialogue a notamment échoué sur le chantier de Priaires (Deux-Sèvres), où des grilles ont été installées, signalant, d’après la délégation, le début imminent des travaux.

« L’annonce que les grilles étaient posées autour d’un futur chantier de méga bassines à Priaires a changé la donne de ce rendez-vous », résume Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération Paysanne, présente lors de la rencontre. Nous avons demandé que ce chantier soit suspendu jusqu’à l’issue de la mission d’étude du comité de bassin Loire-Bretagne ». Cette mission d’étude, qui doit débuter le 4 septembre 2023, fait suite à une motion votée le 4 juillet 2023 par le comité de bassin pour « favoriser la reprise du dialogue ».

« La préfète nous a proposé une suspension des travaux jusqu’au démarrage de l’étude, le 4 septembre, ce qui ne nous a pas semblé cohérent, rapporte Laurence Marandola. Nous avons acté le fait que l’État n’a pas été en capacité ou en volonté de se donner une chance de reposer les choses, dans un souci d’apaisement. »

« On a tenté une autre voie, celle de l’apaisement, d’une reprise du dialogue. Mais on ne peut pas dialoguer si le gouvernement continue les chantiers de nouvelles bassines, a déclaré le porte-parole du mouvement les Soulèvements de la Terre, Benoît Feuillu. On est très énervé car on n’a pas obtenu le moratoire qu’on était venu chercher. On va devoir continuer les actions pour démanteler les chantiers. »

Nouvelles actions en vue

Benoît Feuillu n’a pas donné de dates pour ces actions, mais a précisé que « le prochain rendez-vous aurait lieu à Niort le 8 septembre, pour le procès de neuf représentants » de mouvements écologistes et syndicaux « accusés d’organisation de manifestations interdites ». « Un grand rassemblement de soutien sera organisé. Et on ne sera pas loin de Priaires… », a-t-il ajouté.

« Ces nouvelles actions seront très déstabilisantes. On déjouera les dispositifs », a lancé pour sa part Julien Le Guet, le chef de file de Bassine Non Merci.  « On ira bientôt à l’agence de l’eau. On ira à Priaires, on retirera les barrières et on leur fera la misère », ont entonné, accompagnés d’un orchestre face à la tour Eiffel, les membres du cortège parmi lesquels plusieurs centaines de cyclistes, avant de s’élancer pour un défilé dans les rues de Paris.

Après quelques détours dus aux blocages de plusieurs rues par les forces de police, les manifestants, dont beaucoup de retraités et de femmes, ont longé les quais ensoleillés de la capitale au joyeux son de trombones et saxophones sous le regard étonné et les questions des passants. Des manifestants ont brièvement déployé une banderole sur un car de touristes, surpris mais amusés par la scène. Leur véhicule a fait tranquillement demi-tour.

Des cars de police canalisaient le flot de manifestants tandis que la circulation automobile a fini par être quelque peu perturbée. Mais la manifestation a conservé un esprit bon enfant et les cyclistes sont arrivés en fin d’après-midi sans incident à Montreuil, à l’est de Paris, pour une « soirée festive » dans le cadre d’un festival écologiste, a indiqué à l’AFP l’une des représentantes du mouvement.

« Nous continuerons à travailler pour obtenir une gestion de l’eau différente en France, basée sur la préservation de la ressource, sur le partage de l’eau entre usages et entre agriculteurs », assure Laurence Marandola, de la Confédération paysanne.