Ai-je du glyphosate dans mes urines ? Est-ce la nouvelle question existentielle des « people » ? Ira-t-elle jusqu’à les motiver au point d’en faire une cause nationale ?
La notoriété des artistes et des « people » les a souvent poussés à porter de grandes causes et nous ne pouvons que nous en réjouir. D’aucuns pourraient toujours se dire que ce n’est qu’illusion pour masquer des revenus indécents et se donner bonne conscience. Peut-être ! Mais en un temps pas si lointain, la générosité n’était pas absente de leurs motivations et certains événements marqueront l’humanité pour des décennies.
En 1985, Bob Geldof entraînait les plus grands artistes de la planète dans la formidable aventure que fut Live Aid, pour venir au secours des enfants d’Éthiopie. De Londres à Philadelphie, soixante-dix artistes, seize heures durant, vont donner le plus grand concert de tous les temps. Freddy Mercury et Queen enflammeront la foule, Bohemian rhapsodie et We are the champions résonnent encore dans nos têtes trente-quatre ans après.
À la même époque, Coluche fonde les Restos du cœur, scandalisé de voir se gaspiller des tonnes de nourriture alors que les plus démunis peinent à trouver de quoi manger dignement. Il s’entoure d’une bande « d’enfoirés », qui malheureusement sont toujours obligés de sévir. La nourriture est devenue organique pour les bien-pensants mais se gaspille toujours autant, et les plus démunis sont de plus en plus nombreux.
La réussite de telles initiatives a été réelle, mais au fil du temps l’implication des « people » pour telle ou telle cause a dérivé vers la facilité. Utiliser la bonne conscience citoyenne est vendeur et chacun s’en sert pour cautionner les causes les plus surprenantes. À l’heure où le devoir de conscience environnementale est tendance, l’implication des « people » peut parfois prendre des atours que les esprits les plus éclairés n’auraient pas osé imaginer.
C’est ainsi que l’on est arrivé à faire uriner des artistes dans une éprouvette pour savoir s’il s’y trouve telle ou telle substance contestée et prouver qu’elle est contestable. Cela m’amène à me poser des questions : en quoi une présentatrice de télévision est-elle habilitée à conduire une recherche scientifique ? En quoi la gente artistique représente-t-elle un échantillon scientifique représentatif ? Quelle cause pousse les artistes à faire analyser leurs urines afin de savoir si elles contiennent la moindre trace de glyphosate ? Se montrer au bon peuple aux côtés d’Élise Lucet dans Envoyé spécial devient-il un gage de notoriété citoyenne ? La bonne cause ne devient-elle pas alors simple caution de l’audimat de la peur ?
à chaque génération sa cause. Gageons tout de même que celle d’aujourd’hui ne se résume pas en ces mots : « Je pisse donc je suis ! »