Yoann Bonnefous a « toujours été dans le cochon ». Après des études agricoles, le jeune homme a tout d’abord géré une maternité collective à Brassac (Tarn), puis un élevage de 800 truies près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), avant de devenir commercial pour Axiom International, spécialiste français de la génétique porcine. « J’étais en Charente-Maritime et je couvrais tout l’ouest de la France, ce qui faisait beaucoup de déplacements. Je n’avais plus de vie de famille, se souvient-il. J’ai eu envie de rentrer chez moi, à Tanus. Ça faisait longtemps que je voulais m’y installer. »
Revenir dans le Tarn
En 2018, un éleveur de son village, se préparant à partir à la retraite, lui vend son cheptel de 110 truies reproductrices et leur suite (porcelets et porcs charcutiers), ainsi que le bâtiment qui les abrite. Deux ans plus tard, Yoann lui rachète le reste de son outil de travail : une stabulation de 2 000 m² et 1 ha de terre. « Dans la porcherie, qui est sur caillebotis, j’ai agrandi la partie gestante, la maternité et le pré-engraissement pour les porcelets de 25 à 40 kg, détaille-t-il. Cela me permet désormais de loger 250 truies. J’ai ensuite aménagé la stabulation pour y installer trois grandes cases de 450 places chacune. J’y élève des porcs sur paille, dès leur quatorzième semaine. Ils s’alimentent à volonté. Des nourrisseurs, reliés à deux chaînes d’approvisionnement qui partent directement du silo, se remplissent automatiquement toutes les trois heures. »
En période d’engraissement, les porcs reçoivent un aliment composé de 60 % de céréales produites en France, dont 15 % de triticale issu du territoire d’Arterris. © F. Jacquemoud
Un trieur automatique
Yoann va ainsi produire 5 500 porcs par an sur paille, qui lui seront achetés par la coopérative Arterris pour sa nouvelle gamme Pyrénéus Excellence (lire l’encadré). Depuis 2019, l’éleveur confie également l’engraissement de trois bandes de 600 porcs à un exploitant de La Selve (Aveyron), qui lui loue son bâtiment et prend soin des animaux. Ces derniers sont vendus à la SARL Maurel, qui les abat à Puylaurens (Tarn).
Pour accompagner cette montée en charge, Yoann et son épouse, Alexia, qui travaille à plein temps sur l’exploitation, ont investi dans un matériel de pointe qui leur permet de gagner un temps précieux. À l’automne, ils ont installé dans leur nouveau bâtiment trois trieurs automatiques qui sélectionnent les porcs selon leur poids. Dotés de deux lasers et d’une caméra 2D qui mesurent longueur, hauteur et largeur des animaux, ceux-ci peuvent aussi prédire leur taux de gras, ce qui permet aux éleveurs de corriger l’aliment si besoin. Quatre ou cinq jours avant l’abattage, lorsque les cochons se dirigent vers l’espace où sont installées les auges, ils sont ainsi triés par les machines. Ceux de plus de 125 kg y restent enfermés, à proximité du couloir qui les guidera vers le camion pour l’abattoir. Les autres peuvent repartir gambader sur l’espace paillé.
Gagner du temps
« Avant, nous pesions tous les cochons un par un, précise Yoann. Pour 300 animaux, cela prenait deux heures à deux, toutes les semaines, pendant cinq semaines. Aujourd’hui, cette tâche est réduite à zéro. »
Les éleveurs sont en hors-sol complet. Ils achètent leur paille aux fermiers voisins ou l’échangent contre du fumier. Ils se sont équipés d’une pailleuse suspendue, dotée d’une caméra capable d’évaluer les zones humides dans chacune des trois cases d’engraissement et d’y apporter davantage de paille. « Jusque-là, nous réalisions un paillage à l’aide d’une pailleuse tractée, mais il était grossier et nous surconsommions la paille, indique Alexia. Désormais, même en intervenant tous les jours, nous faisons des économies. »
Le couple a investi 180 000 € dans son bâtiment, un cap qu’il n’aurait pas franchi s’il n’avait pas été retenu par Arterris pour sa filière premium, dont il produit 80 % des cochons. « Si la plus-value Pyrénéus Excellence n’avait pas existé, nous aurions hésité. Mais notre production sur paille génère un bonus de 0,40 € par kilo de carcasse, ce qui la valorise très correctement. » Yoann a toutefois gardé un mi-temps chez Axiom, en attendant de trouver un équilibre sur la ferme.