Le monde est prévenu, le Brésil ne veut pas se laisser faire en matière commerciale. Depuis le mois d’avril, le pays s’est doté d’une nouvelle loi appelée « loi de réciprocité » conçue pour répliquer aux limitations commerciales imposées par ses partenaires. Désormais des normes européennes ou autres barrières douanières américaines sur des produits brésiliens pourraient déclencher des contre-mesures sur les produits concernés.
Les réglementations européennes ciblées
Définitivement adoptée par le président Lula, cette loi était portée par une ancienne ministre de l’Agriculture du précédent gouvernement Bolsonaro, Tereza Cristina, désormais sénatrice. « Dans un scénario mondial où les nations adoptent de plus en plus des positions protectionnistes, la loi de réciprocité offre au Brésil un instrument essentiel pour se protéger en cas de mesures disproportionnées, en privilégiant toujours le dialogue et la diplomatie », a-t-elle expliqué.
Cette loi paraît tomber à point nommé alors que le président des États-Unis Donald Trump a lancé une grande bataille commerciale dont le Brésil n’est pas épargné. Mais son origine est tout autre. « Cela reposait en grande partie sur la volonté de l’Europe de cibler le Brésil avec sa loi anti-déforestation », relate Tereza Cristina. « C’est ce qu’on pensait à l’époque : le Brésil voulait se protéger et surtout protéger ses produits agricoles. »
Un éventail de contre-mesures
Sur le papier, cet instrument n’est pas anodin. La possibilité de taxer certains produits ou des réhausses de droits de douane ciblés seront ouvertes. La loi prévoit aussi de suspendre les investissements d’un pays au Brésil ou la mise en place de droits sur la propriété intellectuelle. En somme, beaucoup des éléments contenus dans un accord commercial comme celui entre l’Union européenne et le Mercosur.
Les mesures miroirs tant espérées par certaines filières en France dans ces accords sont clairement visées. « Des mesures unilatérales fondées sur des exigences environnementales plus contraignantes que les paramètres, normes et standards de protection de l’environnement adoptés par le Brésil » détaillés dans le texte sont maintenant sujettes à des mesures réciproques.
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Sans surprise, les syndicats agricoles, la puissante Confédération nationale agricole (CNA) en tête, ont affiché son satisfecit. « L’approbation du projet de loi est essentielle compte tenu de l’adoption croissante de mesures unilatérales et discriminatoires par des pays ou des blocs économiques, qui nuisent à la compétitivité et à l’accès des produits brésiliens au marché international », a appuyé Sueme Mori, directrice des relations internationales.
Pour le syndicat des producteurs de soja Aprosoja, cette loi « donnera au Brésil un plus grand pouvoir de négociation avec les pays d’un point de vue diplomatique et autorisera le gouvernement, si nécessaire, à utiliser des mesures de compensation pour les producteurs brésiliens ».