À l’occasion des journées de lutte contre les ambroisies, du 15 au 30 juin 2020, l’AEI (Alliance contre les espèces invasives) publie les résultats d’une l’enquête (1) menée auprès d’élus de la Charente et de la Drôme, d’agents territoriaux et de représentants professionnels. Ils mettent en évidence la menace réelle que représente cette espèce invasive et la nécessité d’une lutte globale et mieux coordonnée.

L’espèce la plus nuisible

La question des espèces invasives concerne 85 % des personnes interrogées – élus, agents des collectivités locales ou représentants du monde agricole. Parmi ces espèces, celle jugée la plus nuisible est de loin l’ambroisie, puisque 80 % des personnes se sentent concernées par cette dernière.

 

38 % des agriculteurs interrogés se disent touchés, ce qui en fait la première catégorie touchée, juste devant les collectivités (34 % des répondants) et le grand public (29 %). Selon l’enquête, une très large majorité (87 %) des gestionnaires d’espaces estimerait ne pas avoir suffisamment de moyens pour y faire face.

 

Reconnaître l’ambroisie comme un organisme nuisible à l’agriculture

C’est pourquoi un consensus se dégage (84 %) pour rendre la lutte contre l’ambroisie obligatoire. Si selon 62 % des personnes sondées, il faut continuer à sensibiliser le grand public, pour 53 % il faut aussi donner des moyens techniques supplémentaires pour les agriculteurs. Et pour 46 % des interrogés, l’action des collectivités doit être mieux coordonnée.

 

Trois quarts des répondants sont favorables à la reconnaissance de l’ambroisie comme organisme nuisible à l’agriculture, afin de permettre l’indemnisation des agriculteurs dont les cultures sont impactées par l’ambroisie.

Des solutions et pas de contraintes supplémentaires

L’ambroisie est un vrai casse-tête pour les agriculteurs. « Quand elle contamine les champs de tournesol, elle doit pouvoir être combattue efficacement, d’autant que le tournesol est une plante très pertinente à la fois sur le plan agronomique et pour la biodiversité », juge l’AEI. « Ceux-ci doivent non seulement bénéficier des solutions adéquates, mais également ne pas subir de contraintes supplémentaires, ajoute l’organisation. C’est le cas notamment des VTH (variétés tolérantes aux herbicides) qui ont fait la preuve de leur efficacité. »

 

Elle estime par ailleurs que, du côté des collectivités locales, la nomination de référents pour l’ambroisie doit se poursuivre. Ces référents doivent absolument bénéficier d’une formation à la lutte contre l’ambroisie.

De fortes revendications auprès de l’État

« Pour protéger la santé publique, sauvegarder les rendements agricoles et préserver la biodiversité, la lutte contre l’ambroisie est une nécessité impérieuse, conclut l’AEI. Elle doit être menée selon une vision globale, en prenant en compte l’ensemble des paramètres sanitaires, environnementaux et agricoles. »

 

L’AEI porte donc auprès de l’État des revendications fortes pour qu’il soit à la hauteur du problème. « La lutte doit être rendue véritablement obligatoire, mais aussi être mieux coordonnée car elle ne connaît pas les limites des communes, départements, régions », juge-t-elle. Et pour cela, elle doit être inscrite comme organisme nuisible à l’agriculture. Elle souhaite par ailleurs faire reconnaître la pollution aérobiologique au même niveau que la pollution chimique.

1. Enquête réalisée du 5 au 31 janvier 2020 auprès d’élus, d’agents territoriaux et de représentants professionnels (109 personnes interviewées).