Incompréhension et colère dans la salle qui réunissait tous les acteurs de la bio, à l’occasion des 40 ans du label, fêté le jeudi 22 mai 2025 à Paris. Une fête qui devait signer le top-départ de la nouvelle campagne de communication massive « C’est bio la France » érigée par l’Agence bio.

Campagne « tuée dans l’œuf »

Sauf que les dernières annonces de la ministre de l’Agriculture ont renversé la vapeur. Annie Genevard a annoncé une seule enveloppe de 5 millions d’euros pour la communication de l’Agence bio, renonçant aux deux autres enveloppes prévues du même montant. « On n’avait pas besoin de ça en ce moment », soupire Loïc Madeline, coprésident de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab).

« Nous avions calibré notre campagne sur 15 millions d’euros sur trois ans, nous apprenons qu’elle s’arrête à un tiers du guet, expliquait la directrice de l’Agence bio, Laure Verdeau, auditionnée par le Sénat quelques heures plus tôt dans le cadre de la mission sur le rôle des agences de l’État. La campagne est tuée dans l’œuf avant même d’avoir produit des résultats. » Concrètement, faute de budget, cela signifie que la campagne s’arrêtera en septembre prochain, avance Jean Verdier, le président de l’Agence bio.

Interrogée par France Bleu, le 22 mai, la ministre de l’Agriculture se veut optimiste : « Grâce au fonds du ministère de l’Agriculture, l’Agence bio pourra, en 2025, développer sa communication. Nous allons l’aider à mobiliser des fonds européens pour poursuivre sa communication. »

« La ministre a dit qu’elle allait nous aider dans la communication à aller chercher des fonds européens, on y va déjà », assure de son côté Jean Verdier.

Des projets en péril

En plus de son budget de communication, l’Agence bio a vu drastiquement réduire l’enveloppe pour le Fonds avenir bio. Doté de 16,4 millions d’euros en 2024, il revient à son niveau initial d’environ 8 millions d’euros pour l’année 2025.

« Tout le monde participe à l’effort budgétaire, a justifié Annie Genevard au micro de France Bleu. Qu’il y ait des inquiétudes, je le comprends. Mais on est dans une situation budgétaire difficile. Le bio ne payera pas un tribut plus important que d’autres filières. »

« Une fois payé les projets que nous avons engagés en toute fin d’année dernière, il nous restera trois millions d’euros à distribuer alors que les dossiers affluent, a expliqué Laure Verdeau devant les sénateurs. Nous avons plus de 28 entrepreneurs qui ont déposé leurs dossiers et qui sont en attente. »

Devant la profession, le président de l’Agence bio s’est voulu combatif : « Vous avez entendu les annonces sur la chute vertigineuse de notre budget, on parle de 64 %, je dis le match n’est pas plié. […] Il y a peut-être une ouverture, en tout cas on va se battre, on ne va pas lâcher l’affaire pour restaurer ces budgets. »