C’est dans un objectif de diminution des dépenses publiques que le sénateur Laurent Duplomb (LR) a proposé, ce vendredi 17 janvier 2025 en séance publique au Sénat lors de l’examen du budget pour 2025 de la mission de l'agriculture, de supprimer la subvention allouée à l’Agence bio.

Il en résulterait une économie de 2,9 millions d’euros en autorisation d’engagement et 2,9 millions d’euros en crédits de paiement pour le budget agricole. Grâce à son amendement, adopté par la suite, le sénateur entend « favoriser l’agriculture dans sa totalité, et non pas uniquement à travers une agence, une de plus, à travers les mille agences que la France compte ».

Avis de sagesse de la ministre

Si la commission des finances du Sénat s’est opposée à la suppression de l’Agence bio, la ministre de l’Agriculture a quant à elle donné un « avis de sagesse » au nom du gouvernement, trouvant « pertinent » de transférer les compétences de l’Agence bio à FranceAgriMer ou au ministère de l’Agriculture.

« Il faut que nous cherchions des marges de manœuvre d’économie, a-t-elle justifié. Si je peux approuver le principe de cette internalisation, il faut tout de même qu’on travaille avec les acteurs pour la rendre opérationnelle. […] Dans ses modalités d’application, on a besoin de préparer l’atterrissage avec les principaux intéressés, c’est une question de meilleure acceptation. Il faut les convaincre que leurs missions continueront bien d’être exercées dans de bonnes conditions. »

Un coup porté à l’agriculture biologique

« Ce qui a été voté montre bien ce qu’on veut faire de l’agriculture biologique : qu’elle disparaisse ou qu’on la cantonne à une petite niche, a dénoncé le sénateur Daniel Salmon (EELV), à l’issue du vote. Votre avis de sagesse, Madame la Ministre, est plus qu’inquiétant. On a besoin de l’Agence bio. »

Les organisations professionnelles agricoles (OPA) réunies au sein de l’Agence bio (Chambre d’agriculture, La Coopération agricole, Synabio, Interbio) ainsi que le Synadis et les Interbio ont aussi réagi à la proposition des sénateurs. « Supprimer l’Agence bio revient à dire […] à 1 agriculteur sur 6 qu’il n’y a pas de place pour la diversité des modèles », écrivent-ils dénonçant une décision insensée.

Ils rappellent les missions confiées à l’Agence bio comme la promotion de l’agriculture biologique, la gestion du fonds Avenir bio, ou encore le suivi de l’observatoire national de l’agriculture biologique. La suppression de l’Agence reviendrait à « disperser son patrimoine et son expertise aux quatre vents », redoutent les OPA.

La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) a fait savoir son mécontentement, par voie de presse, le 20 janvier 2025. « Cette décision de suppression de l’Agence bio intervient alors qu’un programme promotionnel visant à relancer la consommation doit être lancé dans quelques jours », déplore la fédération, qui rappelle que l’Agence bio reste l’un des acteurs majeurs du programme Ambition bio lancé par Marc Fesneau en février 2024.

Générations futures appelle le Premier ministre à rétablir « une position plus équilibrée » et demande la démission de la ministre de l’Agriculture qui « a manqué à son devoir de soutien de toutes les agricultures ».