Il était temps. Le marché français du bio semble se stabiliser en 2024 : à mi-année, la tendance nationale oscillerait entre –0,2 % et +0,2 % car « la croissance de 8,4 % en magasins bio compenserait le recul en GMS et vente directe », indique Laurence Foret-Hohn, directrice adjointe de l’Agence bio, en attente des chiffres des artisans commerçants. « Le solde de producteurs se dégrade cependant en élevage porcin, bovin lait et grandes cultures, prévient-elle. Un autre signal inquiétant est la baisse du nombre de transformateurs certifiés. Toutefois, les demandes d’aides à l’investissement montrent que des opérateurs se projettent dans l’avenir. »
La Région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), première en nombre de transformateurs bio et troisième en nombre d’hectares, ne fait pas exception. En 2023, elle conserve ses rangs mais perd 1,15 % de sa SAU bio (3 628 ha) et le nombre d’entreprises de l’aval abandonnant le label augmente (–4 % en un an). La chute de la collecte laitière bio y a aussi été plus rude qu’ailleurs. Pour trouver des ressources afin de rebondir, deux cents participants se sont retrouvés au rendez-vous régional Tech & Bio le 18 septembre dans l’Ain.
Trouver un opérateur
« Les opérateurs régionaux nous font remonter des besoins en produits bio locaux, comme les fruits rouges, baies sauvages, figues, et certains légumes, indique Bastien Boissonnier, chargé de filières au Cluster bio Aura qui regroupe 300 entreprises bio. Il y a aussi de la demande en crème et beurre, légumineuses et pour des marchés de niche — amande, noisette, huile d’olive… Des besoins existent donc, mais certains sont ponctuels, parfois pour de très petits volumes, et avec des exigences sur la qualité et le prix. » Avant de se diversifier, mieux vaut avoir trouvé l’opérateur et si possible signé un contrat. Chez Moulin Marion, le responsable des achats, Paul Getti, confirme : « Étant bio depuis 1984, on sait se projeter au-delà des crises. Nous signons des contrats pluriannuels, pour différentes cultures, mais il faut nous appeler avant de mettre en place les assolements. »
« Il faut anticiper bien en amont : estimer ses capacités, se mettre d’accord avec l’entreprise sur un cahier des charges et négocier un prix en prévoyant les éventuelles pénalités liées à la qualité, conseille Bastien Boissonnier. Les entreprises de transformation ne veulent pas être des roues de secours mais de vraies partenaires. Se mettre d’accord en amont sur une qualité et un prix rendra tout le monde gagnant car le produit sera bien valorisé. »