L’inflation, en partie responsable de la crise de l’agriculture biologique touche aussi le commerce équitable. Les acteurs de la filière, réunis mardi 21 novembre 2023 à Paris ont fait le point sur le secteur qui connait pour la première fois, une « période d’arrêt de la croissance », observe Julie Stoll, déléguée générale de Commerce équitable France à l’ouverture de la journée.
En France, 83 % de produits issus du commerce équitable disposent aussi de la certification biologique. Ils sont, de fait, aussi impactés par la crise, mais dans une moindre mesure. Si l’agriculture biologique fait face à une véritable déconsommation, le commerce équitable connaît lui pour l’instant qu’un tassement de la croissance, sur un marché en constante expansion depuis 2010.
🗣 @oliviagregoire, Ministre déléguée chargée des PME et du Commerce, ouvre les #AssisesCE et aborde l'importance du “prix juste, afin d’articuler qualité et accessibilité des produits, l’éducation des consommateurs et la décarbonation de nos filières alimentaires” pic.twitter.com/5Lbo13kWSd
— Commerce Équitable France (@EquitableFrance) November 21, 2023
Développement des filières françaises
En 2022, le commerce équitable présentait un chiffre d’affaires de 2,081 milliards d’euros en France, et gagnait presque 2 % de croissance par rapport à 2021. En dix ans, il a quintuplé passant de 386 millions d’euros en 2012 à 2 milliards en 2022.
Les filières françaises, inexistantes en 2012 se structurent durablement. Elles représentent aujourd’hui un peu plus d’un tiers du marché équitable, soit 746 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. Par rapport à 2021, les filières françaises ont gagné 5,5 % de croissance, contre seulement 0,1 % pour les filières internationales.
La durabilité face au mur de l’inflation (21/11/2023)
Si les produits internationaux issus du commerce équitable sont bien implantés en France, (23 % des ventes de café et 12 % des ventes de chocolat sont équitables), les produits issus du commerce équitables français se font peu à peu leur place dans les rayons. En tête, la boulangerie et les viennoiseries, via les céréales équitables, représentent 21 % des ventes et les produits laitiers équitables 7 % des achats.
La France, leader du commerce équitable national
Cette hausse est héritée de l’implantation de labels promouvant des filières nationales. Pour la création de produits transformés, il est possible de chercher des filières françaises, en complément de celles internationales, croit Amandine Prelorenzo de Biopartenaire. « Pour faire un yaourt, on peut avoir besoin de cannes à sucre d’Asie et de lait de France », observe la responsable de développement commercial. Créé en 2002, Biopartenaire regroupe aujourd’hui 52 groupements de producteurs et entreprises françaises.
Biopartenaire, Fairtrade (Max Havelaar), World Fair trade, Fair for life, mais aussi Agri-éthique France et Bio-équitable en France, tous proposent à des agriculteurs français de vendre leurs produits de manière équitable.
Le commerce équitable regroupe sept principes structurants : des prix rémunérateurs pour les producteurs, un partenariat commercial sur le long terme, la transparence et la traçabilité des filières, le financement de projets collectifs, une gouvernance démocratique, le respect de l’environnement et la sensibilisation des consommateurs.
Si la filière française du commerce équitable est récente, « la France est aujourd’hui le leader européen du commerce équitable national », se félicite Estelle Dubreuil, coordinatrice nationale du mouvement citoyen FAIRe un monde équitable.
Restauration collective
Pour continuer à développer la filière malgré l’inflation qui redirige les ménages vers des produits à bas coûts, les acteurs misent sur une évolution du cadre réglementaire, favorable aux produits issus du commerce équitable. La loi Egalim et la loi Climat et résilience portent l’objectif de 50 % d’aliments biologiques et durables, intégrant les produits équitables.
Ce coup de pouce devrait pouvoir aider des filières ébranlées par l’inflation, à condition « d’un véritable soutien par les pouvoirs publics », appelle sur la scène Isabelle Petitspas, éleveuse de vaches laitières en Bretagne et administratrice de la coopérative Biolait. Dans le viseur de l’éleveuse, la remise en question du budget des aides au maintien en agriculture biologique, aux mesures agro-environnementales et aux éco-régimes par le gouvernement.