Forte en Bourgogne-Franche-Comté, en particulier dans l’Yonne et la Côte-d’Or, là où se concentre l’essentiel de la production céréalière, la dynamique de la transition bio a brutalement été stoppée en 2021. Après huit années prometteuses, le déséquilibre entre l’offre et la demande a fait chuter les prix des céréales.

Tous les circuits sont touchés

À part la vente directe, tous les circuits sont touchés. « Depuis un an, le prix du blé bio en circuit long a baissé de 40 %, de 370 € la tonne à 240 € la tonne », a ainsi pointé Vincent Guillemin, responsable professionnel Biobourgogne, le 12 octobre 2023 au lycée agricole de Fontaines, lors de la première rencontre régionale portant les grandes cultures biologiques.

Les céréales secondaires sont aussi dans l’impasse. La crise impacte d’autant plus durement les fermes que les charges sont en hausse. « En Haute-Saône où 14 % de la SAU est cultivée en bio, les agriculteurs expriment un sentiment d’abandon », a observé Juliette Guespin, de la chambre d’agriculture.

Explosion de la production

Plus que la baisse de la demande, c’est l’explosion de la production qui cause le déséquilibre actuel. Depuis 2014, les surfaces cultivées en céréales bio en Bourgogne-Franche-Comté ont été multipliées par quatre : 90 000 hectares dont 13 000 hectares en conversion.

Malgré le ralentissement des conversions (37 exploitations engagées en 2022 dans la Région contre 114 l’année précédente), des déconversions dans certains territoires et l’arrêt des importations, retrouver des nouveaux équilibres demandera du temps.

« Les stocks de 2022 et 2023 pèseront au moins jusqu’en 2025 », a estimé Paul Getti, de Moulin Marion. « Alors que la filière bio en difficulté attendait un soutien des pouvoirs publics français et européens, la baisse du montant des écorégimes (–20 €/ha) constitue un mauvais signal, a déploré Laurence Henriot, présidente de Biobourgogne. L’agriculture bio devrait être plus largement portée. »