Les essais de la chambre d'agriculture en Vendée ont montré un effet positif en agriculture biologique des associations de blé et protéagineux sur le taux de protéines du blé. Les mélanges se sont ainsi largement développés dans la région, notamment grâce à la coopérative Cavac qui assure collecte et triage. "Dans la plaine vendéenne, l'objectif principal est de produire du blé meunier. Les parcelles sont souvent irriguées", précise Stéphane Hanquez, conseiller à la chambre d'agriculture des Pays de la Loire.
Cependant, certaines années, la féverole se développe fortement, au point de couvrir le blé. "La céréale épie alors dans l'ombre de la féverole, faisant chuter son rendement, explique l'ingénieur. Le rendement de la féverole ne compense pas toujours cette perte. De mauvaises conditions météo à la floraison, par exemple, qui entraînent des maladies, impactant la récolte du protéagineux." Si bien que, même si le blé obtient un ou deux points de protéines supplémentaires, cela ne compense pas le manque à gagner.
Pour pallier ce problème, l'écimage de la féverole à la dernière feuille étalée du blé est à l'essai depuis 2020 dans la région. La première année, l'association a donné 20 q/ha de blé et 18 q/ha de féverole, pour une densité du protéagineux entre 8 et 10 graines par m². Dans la modalité où le protéagineux a été écimé, le rendement de la féverole a été limité à 4 q/ha, tandis que le rendement du blé était du même niveau que la culture cultivée pure, à 54 q/ha, avec un point de protéine en plus (11,8 % contre 10,1 % en culture pure). Les résultats en 2021 et 2022 ont également montré un gain de rendement en blé grâce à l'écimage de la féverole (+13 q/ha en 2021 et +7 q/ha en 2022).
Le marché du bio bouleversé
"Néanmoins, 2020 est la seule année où le passage de l'écimeuse a été rentable économiquement, car le marché du bio a changé depuis", explique l'ingénieur. Alors qu'à cette époque, le blé était rémunéré en moyenne à hauteur de 450 à 500 €/t sur le secteur, et la féverole à un peu moins de 400 €/t, les prix se sont inversés. "Le blé est descendu à 400 €/t, et la féverole est montée à plus de 500 €/t", décrit Stéphane Hanquez.
"Dans le contexte actuel, je conseille plutôt de garder une faible proportion de féverole dans le mélange", ajoute-t-il. Sur son secteur, il préconise une densité de 8 grains de féverole par m², à adapter selon le type de terre.
"Il faut ensuite vérifier le développement de la féverole au printemps, à la dernière feuille étalée du blé, avant épiaison : si la féverole recouvre totalement le blé, la question de l'écimage peut se poser. Mais si le mélange est équilibré, mieux vaut s'abstenir." En effet, si l'opération permet bien un gain de rendement en blé, les chances qu'elle soit rentable sont faibles au vu des prix actuels. "Par ailleurs, la variété de blé utilisée dans les essais (LG Absalon) est assez courte, souligne Stéphane Hanquez. Une option à envisager est de tester des variétés plus hautes et plus précoces, qui seraient moins impactées par la couverture de la féverole."