Encore une année record pour la bio ! Avec 4 900 nouveaux producteurs engagés en bio, soit +13,6 % en un an, 2017 a fait encore mieux que 2016, selon les premières estimations de l’Agence bio (1). Au 31 décembre 2017, il y aurait 36 664 producteurs en bio (incluant les exploitations mixtes), soit 8,3 % des exploitations françaises. Elles exploiteraient 1,77 million d’hectares (+15 % en un an avec 520 000 ha en conversion), soit 6,5 % de la SAU française. Par ailleurs, l’Agence bio note un net recul des arrêts de certification, s’établissant à 3,2 % des agriculteurs engagés en 2016.
Un trio de tête conforté
Les trois régions de tête que sont l’Occitanie, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine confortent leur avance, avec des taux de progression conformes avec la moyenne nationale, autour de 13 %. Les Régions les plus à la traîne mettent les bouchées doubles : plus de 23,4 % de hausse des notifications bio dans l’Île-de-France et dans les Hauts-de-France, 21 à 22 % en Corse et en Outre-mer. Toutes les filières progressent, y compris le lait malgré un net recul par rapport aux années record de 2015 et 2016.
Le nombre de transformateurs et de distributeurs de produits bio évolue en conséquence, progressant respectivement de 15,5 % et de plus de 18 % par rapport à 2016. La consommation de produits bio devrait atteindre 8 milliards d’euros en 2017, prévoit l’Agence bio, demeurant « le facteur de croissance majeur » du marché alimentaire avec une croissance de 16 % en un an. Elle l’explique notamment par la meilleure diffusion des produits bio.
Le consommateur en veut toujours plus
Cette progression du marché et l’impact supposé de la progression des points et modes de vente sont cohérents avec les résultats du baromètre du CSA conduit en novembre 2017 auprès de plus de 1000 Français, consommateurs ou non de produits bio. De plus en plus de Français indiquent consommer du bio occasionnellement (plus de 9 sur 10 en ont consommé dans l’année) ou régulièrement (près des trois quarts en consomment chaque mois et 16 % quotidiennement).
Un quart de ceux qui en consomment déjà souhaitent augmenter leur consommation de bio. Mais beaucoup de Français, consommateurs ou non de produits bio actuellement, misent aussi sur l’offre dans la restauration hors domicile : 90 % des parents sont intéressés par du bio dans les cantines scolaires, et plus de 80 % aimeraient en trouver dans les hôpitaux, sur les lieux de travail ou dans les restaurants. D’autre part, 85 % des Français souhaitent du bio local, et près de la moitié aimeraient en trouver chez leurs artisans et commerçants de proximité.
Doubler les surfaces en cinq ans
Alors que le gouvernement a évoqué, en conclusion des États-généraux de l’alimentation, un objectif cible de 15 % de la surface française en bio en 2022, Florent Guhl, directeur de l’Agence bio, juge cet objectif « réaliste et atteignable ». Ce doublement, sur cinq ans, de la surface conduite en bio est « cohérent avec les travaux faits dans les plans de filière », indique-t-il. Et si l’on veut diminuer les importations tout en répondant à la demande, « c’est obligatoire », prévient-il.
Quant à choisir entre augmenter le nombre de fermes bio ou pousser à l’agrandissement de celles-ci, il estime que la taille n’est pas un frein à la rentabilité. « Elles sont plus petites et plus pourvoyeuses d’emploi que la moyenne nationale, mais elles reposent sur des systèmes alternatifs » permettant de grouper les volumes et maintenir la rentabilité, estime-t-il. Toutefois, avec un nombre de départs à la retraite considérable à prévoir dans les années à venir, le renouvellement des générations « va être une question fondamentale ».
(1) Les chiffres définitifs pour 2017 seront connus en mai.