«Je viens tout juste de passer de 250 truies naisseur-engraisseur en conventionnel à 150 truies en bio », lance Arnaud Jolly, éleveur à Plaintel, dans les Côtes-d’Armor. Pour négocier ce virage, l’éleveur a mis en route, en mars dernier, un bâtiment d’engraissement neuf, de 34 mètres de long sur 20 mètres de large. « Je dispose de 1 200 places au total, réparties en 6 parcs de 200 places sur paille, avec une courette extérieure », indique l’éleveur.

Porte de tri

Pour l’alimentation de ses charcutiers, Arnaud a misé sur un système automatisé et individualisé. Chaque parc dispose de 6 stations de distribution d’aliment. « Sur un système classique avec une auge collective, j’aurais été contraint de faire 6 à 7 cases d’une trentaine de porcs au lieu d’une seule. Dans cette configuration, le bâtiment est plus facile à nettoyer, et je suis aussi gagnant concernant le coût de maçonnerie et d’aménagement. »

 

Afin d’accéder aux stations, les porcs doivent passer par une porte de tri. Une puce RFID disposée à l’oreille de chaque animal permet de les identifier. « Elle est mise en place à l’âge de 10 jours environ. Il faut compter deux heures pour pucer 200 porcs et environ deux euros par puce », rapporte Arnaud.

Chaque animal dispose d’un crédit d’aliment, remis à zéro dans les 24 heures glissantes après avoir été épuisé. « Si la quantité d’aliment programmée n’a pas été consommée, le porc peut accéder aux distributeurs, explique Cornel Stadler, en charge des essais et de la valorisation zootechnique chez Asserva, le constructeur des stations. Dans le cas contraire, il est redirigé vers le parc. » En cas de besoin (interventions, soins, etc.), les animaux peuvent aussi être conduits dans une case spécifique.

Pesée automatique

Chez Arnaud, le sevrage est réalisé à 42 jours, conformément au cahier des charges bio. Les porcelets restent en maternité pendant 15 jours supplémentaires, puis suivent une période de pré-engraissement de 30 à 35 jours. L’objectif est de les faire entrer en engraissement à 90 jours, soit environ 30 kg de poids vif.

 

« Grâce à la pesée automatique réalisée dans la porte de tri, la quantité d’aliment distribuée en station est définie en fonction du poids de chaque animal, expose Cornel Stadler. Dans l’élevage d’Arnaud, elle oscille entre 1,5 kg et 3 kg depuis le début jusqu’à la fin d’engraissement. L’aliment est distribué par tranche de 150 g, pour éviter tout gaspillage. Il est sous forme de miettes, car l’ingestion de granulés est trop longue et empêche une bonne fluidité des passages. »

Chaque station dispose de deux trémies, d’une capacité de 50 kg chacune. « Cela permet de gérer facilement l’avancée du cycle d’engraissement pour l’ensemble des porcs, note l’éleveur. On peut mettre simultanément un aliment de type nourrain et croissance au départ, puis croissance et finition en seconde partie d’engraissement. On peut ainsi envisager des transitions progressives et adaptées à chaque animal. »

À près de 4 700 € par station, Arnaud ne regrette pas son investissement. « Je n’en suis qu’à mes premières bandes et quelques réglages sont à peaufiner. Mais ce mode d’alimentation me permet déjà de suivre de près la croissance de mes animaux et leur consommation d’aliment, et d’anticiper d’éventuels problèmes de santé. »

Vincent Guyot