Dans le nord de la France, l’absence de filière de betterave sucrière bio freine les conversions et favorise la « mixité » des exploitations. Comme Sébastien Lemoine, beaucoup d’agriculteurs ne convertissent qu’une partie de l’exploitation, afin de garantir un certain revenu grâce aux betteraves en conventionnel. Finalement, cet agriculteur de Gouzeaucourt, dans le Nord, a arrêté la betterave et développé les légumes bio de plein champ. Mais une filière sucre bio, qui existe déjà en Europe (lire l’encadré), pourrait voir le jour en France.
50 tonnes à l’hectare
Des essais menés en 2016 par le réseau Fnab en Hauts-de-France et Bretagne sont encourageants, avec un rendement de 50 t/ha à 16 % de densité en sucre, contre 90 t/ha en conventionnel. De nouveaux essais sont lancés en 2017 pour créer des références techniques, notamment en désherbage et fertilisation, et évaluer les coûts de production.
Côté marché, un groupe de travail animé par le Gabnor (2) étudie les besoins en sucre bio des industriels et le potentiel de vente au consommateur en termes de volume et de type de produit. « Un sucre un peu moins élaboré que le sucre blanc cristallisé classique pourrait trouver sa place, note Simon Hallez, du Gabnor. Nous allons aussi identifier les processus d’extraction et de transformation les plus appropriés. »
Mais le principal frein reste « le surdimensionnement des outils de transformation existants. La sucrerie d’Escaudœuvres, dans le Nord, par exemple, transforme 16 000 tonnes par jour, soit l’équivalent de 300 à 400 hectares en bio ! » Une des pistes suivie de près par le groupe serait donc de créer une unité de transformation spécifique, plus petite, voire artisanale. Un projet qui pourrait voir le jour en 2021.
(1) Fédération nationale d’agriculture biologique.
(2) Association de développement de l’agriculture biologique.