Des fiches techniques évaluant les coûts de production de chaque type de céréales, élaborées par l’Institut technique des grandes cultures algérien (ITGC), font ressortir des seuils de rentabilité fortement élevés, alors que les rendements peinent à atteindre la moyenne de 30 quintaux par hectare que se sont fixés les pouvoirs publics.
Le coût de revient d’un hectare de blé (tendre et dur) a été estimé par l’ITGC en tenant compte de toutes les opérations culturales, de la préparation des sols jusqu’à la récolte, et en se basant sur les prix des intrants de la campagne de 2022-2023. Il s’élève à un peu plus de 206 000 DA (dinars algériens) (1 475 €) et à 157 229 DA (1 125 €) pour l’orge, lorsque l’exploitation utilise du matériel en location.
Le blé rentable qu’à partir de 37 q/ha
Avec du matériel en propriété, ces charges varient entre 150 960 DA (1 080 €) dans les zones du littoral et 167 701 DA (1 200 €) dans les hauts plateaux de l’intérieur du pays pour le blé tendre. Elles s'étalent entre 151 890 DA (1 090 €) et 168 125 DA (1 200 €) pour le blé dur et de 110 681 DA (790 €) à 123 346 DA (880 €) pour l’orge.
Avec des coûts atteignant ces niveaux, les exploitations ne peuvent donc franchir le seuil de rentabilité qu’à partir d’un rendement dépassant 37 q/ha pour le blé tendre lorsque le matériel est en location, et entre 27 et 30 q/ha lorsque le matériel est en propriété. Et ce, sur la base d’un prix de 40 €/q que pratique l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) pour l’achat des récoltes aux producteurs.
Les coûts en hausse de 260 % en cinq ans
Cette situation reflète l’ampleur des difficultés auxquelles les producteurs sont confrontés, étant donné que les exploitations dépassant le cap de 40 q/ha de rendement représentent moins de 20 % des 3 millions d’hectares affectés chaque année aux cultures céréalières.
L’autre indicateur qui ne fait qu’accentuer l’inquiétude des acteurs de la filière est le rythme accéléré de la hausse des coûts de production ces dernières années. Selon l’ITGC, le coût moyen d’un hectare de blé tendre a bondi de plus de 260 % durant la période allant de 2017 à 2023. Entre 2013 et 2017, ce coût de revient n’avait évolué que de 25 %. Pour le blé dur, l’institut relève que « le coût de production d’un hectare est plus élevé comparativement aux autres espèces céréalières ».
Un groupe d’agronomes indépendants a établi des évaluations qui font ressortir des coûts de revient quasi identiques à ceux de l’ITGC, mais précise que les intrants (semences à raison de 1,5 q/ha, différents types d’engrais, fongicides et désherbants) représentent jusqu’à 75 % des coûts.