« Le Maroc est le premier producteur de céréales au Maghreb mais c’est aussi un énorme consommateur, avec par exemple 200 kg de blé consommé par an par habitant (70-75 kg en France) », indique Yann Lebeau, chef de mission pour le Maghreb-Afrique chez Intercéréales. Avec de tels besoins, les meuniers marocains importent environ 5 millions de tonnes de blé par an depuis trois ans (3 millions de tonnes de blé français en 2022-2023).

Blé de qualité

Mais il fait aussi le maximum pour augmenter sa production locale. Cela passe par des subventions de l’Etat ou de l’aide à tous les étages du cycle de la production, que ce soit avec les semenciers, les fournisseurs d’engrais, les techniciens sur le terrain pour essayer d’améliorer les rendements dans un contexte de sécheresses récurrentes.

« En revanche, ce qui est en train de bouger, c’est qu’il y a un vrai travail collectif entre les industriels utilisateurs et les producteurs pour sélectionner au fur et à mesure du temps des variétés propices au marché, explique-t-il. Ils veulent produire plus, mais ils prennent quand même en compte la demande de leurs clients en termes de qualité. »

Miser sur la recherche

Dans ce contexte, y aura-t-il toujours une place pour le blé français dans un futur proche en Afrique ? « Oui », répond Yann Lebeau, mettant toutefois en avant différents enjeux : l’enjeu climatique avec des aléas extrêmes, l’enjeu géopolitique avec, par exemple, le Nigéria, pays le plus habité d’Afrique qui devrait compter 450 millions d’habitants en 2050 contre 220 millions aujourd’hui.

Yann Lebeau, chef de mission pour le Maghreb-Afrique chez Intercéréales. (©  P. Jacob /Intercéréales)

« La France exporte la moitié du blé qu’elle produit et elle a de ce point de vue là une responsabilité, lance-t-il. L’exportation est importante pour nos clients, mais aussi pour la stabilité mondiale. Il faut être conscient que la croissance de la consommation en Afrique subsaharienne est de 5 % par an. »

« Le marché ne va donc pas s’arrêter, assure Yann Lebeau. Mais en France, la production de blé tendre évolue peu. Il faut donc prendre des décisions pour produire plus tout en préservant l'environnement. Pour cela, il faut mettre beaucoup plus d’argent sur la recherche, qui est le pilier de la résilience. »