Quand l’agenda est contraint, il est tentant de réaliser deux travaux simultanément. C’est l’un des principaux avantages de l’herbisemis. Cette technique consiste, pour reprendre la définition donnée par la chambre d’agriculture du Gers en 2016, à « appliquer un herbicide racinaire localisé sur une bande de 25 à 30 cm au moment du semis grâce à des buses spécifiques adaptées sur le semoir ».

Diminution des intrants

Une pratique mise en place depuis 2019 par Cyril Duffaut, agriculteur à Gimont, dans le Gers : « Je le fais sur du tournesol, mais j’aimerais aussi tenter sur le soja. J’ai choisi le tournesol, qui est pour moi incontournable dans des rotations en sec. » Il juge la technique efficace pour diminuer la concurrence précoce sur les rangs, qui peut « vraiment pénaliser le rendement ».

« On diminue la quantité des intrants, puisqu’on ne traite qu’un tiers des surfaces environ. On peut même éventuellement augmenter la dose sur le rang et notre IFT baisse tout de même significativement », précise-t-il. La réduction des produits phytosanitaires est un point « important » pour cet agriculteur, membre du réseau Déphy et certifié Haute valeur environnementale (HVE).

L’opération permet, qui plus est, « d’économiser le passage du pulvérisateur et de gagner du temps au moment des semis. » Le tout avec, assure-t-il, un « rendement équivalent », à condition de biner une ou deux fois les interrangs. « Il est nécessaire d’anticiper ce binage, notamment sur le plan de la météo et du temps du travail, insiste-t-il. C’est peut-être le plus compliqué. » Mais cela permet de « travailler le sol en surface, donc on refait de la minéralisation, qui donne un coup de boost au tournesol », se félicite-t-il. Au final, à rendement égal donc, « on a une vingtaine d’euros de charges opérationnelles de moins par hectare ».

7 000 euros investis en Cuma

Au vu de ces cinq années d’expérience, Cyril Duffaut tire donc un bilan « positif » de l’herbisemis. Ce d’autant plus que, dans son cas, l’achat de matériel pour adapter le semoir, pour 7 000 euros, a été réalisé en Cuma. « Avec la Cuma des Deux Vallées, on a équipé un semoir de buses et il y a également une cuve à l’avant du tracteur. C’est un système sur mesure fait par un artisan du coin », détaille-t-il.

L’outil spécial est facturé 4,5 €/ha, en plus de 15,5 €/ha pour le semoir. Il voit plusieurs intérêts à ce modèle collectif : les échanges avec les autres utilisateurs sont « porteurs » et l’amortissement s’établit sur environ 200 hectares, et non pas sur les seuls 50 hectares sur lesquels Cyril Duffaut utilise cette technique.

Le semoir a été équipé de buses. (©  G. Perdrieux, chambre d'agriculture du Tarn)

Deux travaux étant réalisés simultanément, « au moment du passage, il faut rester très attentif pour contrôler les deux choses à la fois », témoigne-t-il. Et, dans l’anticipation, il s’agit d’intégrer les deux facteurs, en « choisissant bien sa fenêtre météo » (voir l'encadré) et en « faisant le bon choix de traitement. »