Dans un communiqué du 11 février 2020, l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) annonce que 48 céréaliers répartis sur toute la France ont fait analyser leurs urines à la recherche de glyphosate. Point important : ces analyses ont été réalisées par chromatographie au CHU de Limoges (Haute-Vienne). Cette méthode est « reconnue par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) comme la plus précise et la plus fiable », précise l’AGPB.

 

« Les résultats sont sans appel », soutient l’AGPB. 100 % sont en dessous de 1 μg/L (microgramme par litre). 77 % sont sous le seuil de détection (< 0,05 μg/L). Cela signifie que la présence de glyphosate est avérée dans 23 % des échantillons, dans des concentrations comprises entre 0,05 μg/L et 1 μg/L (lire encadré). Ces résultats « viennent appuyer les résultats observés sur tout le territoire par des agriculteurs », ajoute l’AGPB.

Une prise de position de l’Anses attendue

« En conséquence, l’AGPB transmet ce jour l’ensemble des résultats à l’Anses (1). Elle demande à l’agence de prendre position, pour éclairer le débat public, sur les méthodes d’analyses utilisées et sur le sens à donner en matière d’exposition de la population aux différents résultats présentés ».

 

Référence est faite au débat qui oppose les analyses par chromatographie couplée à la spectrométrie de masse à celles par réaction immuno-enzymatique (test Elisa). La question a été abordée par Roger Genet, directeur général de l’Anses, le 13 février à l’occasion d’une audition à l’Assemblée nationale dans le cadre de la stratégie de sortie du glyphosate.

« L’Anses n’est pas la mieux placée pour répondre à la qualité des méthodes analytiques »

Roger Genet, directeur général de l’Anses

Le 13 février, le directeur général de l’Anses a déclaré que l’Agence n’était pas la mieux placée pour répondre à la controverse sur les méthodes analytiques du glyphosate dans les urines. © Assemblée nationale
Le 13 février, le directeur général de l’Anses a déclaré que l’Agence n’était pas la mieux placée pour répondre à la controverse sur les méthodes analytiques du glyphosate dans les urines. © Assemblée nationale

« L’Anses n’est pas la mieux placée pour répondre à la qualité des méthodes analytiques, pour deux raisons. La première est que cela ne fait pas partie de nos missions premières. Deuxièmement, nous sommes mis en cause personnellement dans les plaintes qui ont été déposées sur la contamination urinaire par le glyphosate. À ce titre-là, je pense que ce n’est pas à l’Anses de dire si les dosages sont faits correctement ou non. Le Parquet instruit dira ce qu’il faut penser de ces données », a-t-il déclaré.

Standardisation des méthodes

Il a tout de même précisé que la spectrométrie de masse permettait d’obtenir une « très grande sensibilité », alors que les anticorps (méthode Élisa) « peuvent répondre positivement pour des substances avec des spécificités moins grandes ».

 

Roger Genet a également déclaré qu’un consortium international pourrait voir le jour sous l’impulsion d’un laboratoire canadien, et lancer un appel d’offres pour « comparer et standardiser les méthodes de mesure du glyphosate dans les fluides biologiques, et lever cette discussion ».

 

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Voir aussi :Le glyphosate est-il cancérigène ? (DecodAgri)

(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail