Le lundi 23 mars 2020, le Premier ministre Édouard Philippe précisait qu’il faudrait désormais dater et donner l’horaire de sortie sur les attestations dérogatoires de déplacement obligatoire. C’est chose faite !

Le ministère de l’Intérieur a publié le mardi 24 mars 2020 la nouvelle attestation de déplacement dérogatoire mentionnant notamment l’horaire de sortie. Celle-ci est téléchargeable ici. Elle peut être imprimée ou rédigée sur papier libre, remplie à la main.

 

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Déplacements limités

La nouvelle attestation comprend l’ensemble des déplacements autorisés dans le décret publié au Journal officiel le mardi 24 mars 2020. Y sont inclus les « déplacements professionnels ne pouvant être différés » à cocher pour les chefs d’exploitation lors de l’exercice de leur fonction.

 

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« Malgré la période particulière que nous traversons, tous les sites d’abattage fonctionnent », assure Pascal Le Duot, directeur du Marché du porc breton (MPB) de Plérin, dans les Côtes-d’Armor. La place de cotation bretonne, qui détermine le cours du porc en France, poursuit son activité. « Pour l’heure, il n’y a pas de problématique d’enlèvement des porcs charcutiers à déplorer dans les élevages. La situation reste toutefois fragile : la fermeture d’un abattoir serait évidemment catastrophique. »

« La viande ne reste pas stockée »

Sur le marché intérieur, la demande s’est emballée. « La viande ne reste pas stockée dans les abattoirs, elle part tout de suite, poursuit Pascal Le Duot. Le marché de la viande fraîche est très important. En charcuterie notamment, le jambon tire la demande, qui s’est réorientée vers la grande distribution ».

 

Du côté du commerce extérieur, le commerce reprend avec la Chine, qui reste touchée par l’épizootie de peste porcine africaine. La viande porcine française trouve également un débouché croissant en Italie, où les abattoirs ont enregistré « une baisse de l’activité de l’ordre de 20 % et de 30 % la semaine dernière », indique le MPB, dans sa note hebdomadaire publiée le lundi 23 mars 2020.

 

Dans ce contexte, le cours du porc se stabilise. « Sans l’épidémie de coronavirus, le prix du porc serait probablement en hausse, mais un sentiment de psychose perdure », indique Pascal Le Duot. La semaine dernière, où le prix de base français s’est replié de 1,6 centime avant de se stabiliser à 1,552 €/kg le lundi 23 mars, « les nombreuses incertitudes autour du commerce du porc ont laissé les groupements vendeurs impuissants face à la pression exercée par les abattoirs », analyse le MPB.

Panique des éleveurs en Allemagne

En Allemagne, premier pays producteur européen de viande porcine, « la panique commence à s’emparer des éleveurs devant les fortes baisses de prix [–7 centimes la semaine passée], ce qui les conduit à livrer plus rapidement les porcs en contribuant à déséquilibrer le rapport entre l’offre et la demande ». Le recul de l’activité des abattoirs, faute de personnel, expliquerait cette situation. « Des travailleurs polonais ou tchèques seraient bloqués dans leur pays à la suite de la fermeture des frontières [pour lutter contre le coronavirus, NDLR] », indique le MPB.

 

L’Espagne, premier pays exportateur de l’Europe, a également subi également un recul du cours du porc de 3 centimes le kilo vif la semaine passée, pour des raisons analogues. « Les offres de porcs sont à présent plus importantes tandis que l’activité devrait être réduite pour cause de manque de personnel, précise le MPB. Comme partout ailleurs, la demande intérieure a bénéficié des achats élevés liés aux nécessités de stockage avant le confinement. »