Eat Just, une start-up américaine qui travaille sur le projet de viande de laboratoire cultivée à partir de cellules animales, a annoncé que ses morceaux de poulet avaient été autorisés à la vente par l’agence de sécurité alimentaire de Singapour.
Une première d’une série mondiale ?
Il s’agit « d’une avancée pour l’industrie alimentaire mondiale », a-t-elle souligné dans un communiqué reçu mercredi, alors que de nombreuses sociétés cherchent des moyens de produire de la viande avec un impact moindre sur l’environnement. « Je suis persuadé que l’autorisation du régulateur pour notre viande cultivée sera la première d’une série à Singapour et dans d’autres pays dans le monde », a relevé Josh Tetrick, cofondateur et PDG de Eat Just.
« Eat Just a soumis une demande de vérification », a confirmé l’agence de sécurité alimentaire singapourienne le mercredi 2 décembre 2020. Son produit « a été déclaré propre à la consommation dans les quantités prévues et a été autorisé à la vente à Singapour comme ingrédient des nuggets Eat Just », a ajouté l’agence.
Eat Just a indiqué avoir produit plus de 20 lots de viande de poulet artificielle dans des bioréacteurs de 1 200 litres avant de soumettre sa production à des tests de qualité et de sécurité.
> À lire aussi : Quand la viande cellulaire se cache derrière L214 (16/11/2020)
La sécurité alimentaire au coeur de cette autorisation
L’agence de sécurité alimentaire a mis en place une procédure spéciale pour tester les produits alimentaires expérimentaux avant une éventuelle mise en vente.
William Chen, un scientifique installé à Singapour et membre d’une commission d’experts conseillant l’autorité de régulation, souligne que la sécurité alimentaire est l’une des principales raisons expliquant les efforts pour développer des alternatives à la viande dans la ville-État.
Singapour « n’a virtuellement pas d’agriculture, nous importons plus de 90 % de notre nourriture », explique William Chen qui dirige un programme portant sur la nourriture, la science et la technologie à l’Université technologique de Nanyang. « Trouver des manières d’améliorer localement l’offre de nourriture serait une option très écologique et durable », pense-t-il.
Singapour encourage le développement des start-ups des nouvelles technologies agricoles et alimentaires.
Des dizaines de start-ups travaillent sur la viande artificielle
La consommation de viande mondiale devrait augmenter de 70 % d’ici à 2050 et la viande artificielle pourrait bientôt répondre à une partie de la demande, selon la jeune entreprise, alors que les scientifiques considèrent que cette tendance est l’un des moteurs du changement climatique.
La demande pour des alternatives à la viande se développe mais les produits disponibles actuellement sont à base de végétaux. Des dizaines de start-ups travaillent aussi sur des projets de viande artificielle dans le monde mais la production était restée jusqu’à présent expérimentale.
> À lire aussi notre dossier : « Imitations de viande : une menace pour l’élevage » (19/02/2020)
« Des progrès considérables » réalisés pour réduire les coûts.
Si la viande de laboratoire a longtemps été considérée comme beaucoup trop coûteuse pour pouvoir concurrencer l’élevage, Eat Just assure avoir fait « des progrès considérables » pour réduire les coûts. « Dès le début, nous aurons un prix similaire au poulet de haut de gamme d’un restaurant chic », a indiqué un porte-parole à l’AFP.
Il n’a pas révélé le prix des nuggets mais a précisé que ce produit sera disponible prochainement dans un premier restaurant à Singapour, et que d’autres produits comme des blancs de poulet suivront. Eat Just espère parvenir à un prix inférieur à celui du poulet classique au cours des prochaines années.
« En collaborant avec le secteur agricole dans son ensemble et des politiques visionnaires, des compagnies comme la nôtre peuvent aider à répondre à la demande en hausse pour les protéines animales d’une population qui atteindra 9,7 milliards d’ici à 2050 », a noté Josh Tetrick.
> À lire aussi notre dossier : « Associations de protection des animaux, comment elles mettent la pression sur l’élevage » (22/06/2017)