Ce projet de la plateforme E-CHO, portée par la PME lyonnaise Elyse Energy, doit s’installer sur deux friches industrielles, à 25 kilomètres à l’ouest de Pau, pour produire 200 000 tonnes de carburant bas carbone par an d’ici à la fin de la décennie.

Un projet basé sur le bois énergie

Dans le processus de production, 30 % de l’apport énergie doit provenir de déchets bois (rebuts de scieries, meubles jetés, vignes arrachées, résidus de haies), mais aussi de bois énergie, c’est-à-dire de coupes. Au total, l’usine devrait utiliser 100 000 tonnes de biomasse forestière, aussi appelée bois énergie, par an, selon Elyse Energy.

Les deux sites produiront essentiellement des biocarburants pour l’aviation (SAF) et du e-méthanol destiné au transport maritime et à la chimie, ainsi que, dans une moindre mesure, du naphta, mélange d’hydrocarbures utilisé pour le bioéthanol (ou E-85).

« Il n’y a pas assez de bois disponible, ça ne marchera pas »

Pour Bruno Doucet, représentant de l’association de défense des forêts Canopée, « il n’y a pas assez de bois disponible, ça ne marchera pas. Depuis 2015, la forêt capte deux fois moins de carbone qu’avant et, là-dessus, on veut prélever du bois pour faire du carburant. » Le porteur du projet et l’État, qui le soutient, « sont complètement à côté de la plaque ».

« La biomasse forestière, les gens normaux appellent ça des arbres ! », renchérit Solal Bordenave, 35 ans, militant de Forêts Vivantes Pyrénées. Le jeune homme, pointant des « mirages technologiques », critique « les fous qui s’obstinent dans de grands projets inutiles. »

Des militants d’associations environnementales et syndicats

Défilant dans les rues de Pau, des militants d’associations environnementales locales ou nationales comme Greenpeace, des syndicats (Confédération paysanne, CGT, Solidaires), mais aussi quelques élus locaux ont dit leur refus de « sacrifier la forêt pour faire voler des avions ».

« Toutes les décisions n’ont pas été prises à temps et donc aujourd’hui on est dans une fuite en avant, à coups de communication », fustige de son côté le militant local Jacques Descargues, ancien secrétaire général de l’Office national des forêts (ONF).

Outre le projet E-CHO prévu dans le bassin de Lacq, les manifestants ont aussi dénoncé un projet de charbon végétal attendu à Garlin, à 50 kilomètres au nord de Pau, d’ici à 2026.