« La situation est hors contrôle », lâche Franck Sander, le président de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves), à l’occasion d’une conférence le 8 juillet 2020. Après un hiver doux et un printemps chaud, la France betteravière connaît une invasion sans précédent de pucerons verts, vecteurs de la jaunisse virale de la betterave. La filière a sonné l’alerte dès la mi-avril, face à la propagation très rapide du virus, et interpelle le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.
Après l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018, solution historiquement utilisée par les agriculteurs, deux insecticides sont autorisés : le flonicamide et spirotetramate, rappelle la CGB. Ces traitements alternatifs se sont révélés inefficaces face à l’ampleur de l’invasion de pucerons. Traitements répétés en plein champ, surcoût… La CGB dénonce un « non-sens environnemental », dans un contexte économique déjà difficile pour la filière.
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Moins de 80 t/ha
Le syndicat estime à 30 % la perte de poids des betteraves atteintes de jaunisse, et s’attend à un rendement divisé par deux, voire plus, dans les parcelles les plus touchées. « À date, les prévisions de rendements se situent à moins de 80 t à 16°S par hectare, niveau le plus bas depuis 15 ans (87 t/ha en moyenne 5 ans) », déplore Franck Sander. La CGB chiffre les pertes à 100 millions d’euros pour les betteraviers, et plus de 1 000 €/ha dans les cas les plus alarmants. La filière craint un « découragement » des betteraviers, et une baisse drastique des surfaces emblavées en 2021.
La CGB demande en urgence au ministère de l’Agriculture une solution efficace de protection des betteraves, la mise en place d’un système d’indemnisation des planteurs sinistrés et un soutien public renforcé à la recherche contre la jaunisse. « Le ministre de l’Agriculture nouvellement nommé doit immédiatement prendre la mesure de cette crise qui est de nature à saper les fondamentaux d’une filière qui a fait preuve de responsabilité pour nourrir les Français et fournir des alcools désinfectants (pour gel hydroalcoolique) pendant la crise, et les approvisionner en biocarburant renouvelable dès la reprise d’activité », affirme Franck Sander.
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