La recherche et l’innovation variétales sont au cœur des enjeux de la filière des oléoprotéagineux, estime Gilles Robillard, président de Terres Inovia, lors d’une conférence de presse le 23 novembre 2021 à Paris : « Le changement climatique se ressent sur certains territoires, avec des problèmes de mise en culture. À cela s’ajoute la volonté de diminuer les intrants : les solutions sont dans l’innovation variétale. On doit donner les moyens aux sélectionneurs d’y accéder. »
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Conserver les moyens de production
« Nous devons permettre à nos agriculteurs de conserver leur moyen de production ou d’avoir des alternatives crédibles avant de les supprimer », insiste Gilles Robillard. Selon lui, le retrait des VTH (variétés tolérantes aux herbicides) mettrait en péril 30 % de la surface de tournesol en France.
L’accès à l’eau est un autre sujet important. « Aujourd’hui, on a les moyens de gérer l’eau, grâce à des outils d’aide à la décision. Les agriculteurs ont besoin d’y avoir accès pour continuer à produire de la protéine qui devra sinon être importée », déplore-t-il.
Le retrait du phosmet menace 300 000 ha de colza
Le retrait du phosmet devrait être adopté en décembre 2021 ou janvier 2022. À ce jour, cet insecticide d’automne reste sans alternative. « Nous avons conscience que son profil toxicologique n’est pas bon. Le problème réside dans le délai d’interdiction, qu’on ne connaît pas encore », explique Arnaud Rousseau, président de la Fop, la Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux.
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La filière espère que le phosmet sera autorisé pour les emblavements à l’automne 2022, au risque de voir disparaître 30 % des surfaces de colza en France. « Nous travaillons à l’homologation du cyantraniliprole, un produit alternatif autorisé dans d’autres États membres, mais nous ne sommes pas sûrs de l’obtenir avant les semis, ajoute Arnaud Rousseau. Les agriculteurs ont besoin de savoir qu’ils ont des solutions avant de décider leur assolement. »
Selon le président de la Fop, une dérogation de 120 jours pour le cyantraniliprole sera demandée en cas d’attaques avérées.
Ouvrir de nouveaux débouchés
Biomatériaux, chimie verte, biocarburants, protéochimie… « Notre filière est un acteur majeur de la bioéconomie décarbonée », souligne Antoine Henrion, président de Terres Univia.
La filière met en avant une « écologie productive et compétitive ». Les intercultures en sont un exemple. « Elles apportent de la valeur économique et agronomique, indique Antoine Henrion. Les intercultures qui produisent de la biomasse pourraient être intégrées dans les facteurs d’amélioration du bilan de gaz à effet de serre. »
« Il faut développer les filières les plus locales et durables possibles, comme le soja non-OGM en France, insiste Jean-Philippe Puig, directeur général d’Avril. Pour cela, il faut des outils qui permettent de la transformer. »