Alors que se tenait ce 9 mai 2019 la deuxième rencontre du groupe de travail initié à la suite de l’avis de l’Anses de février dernier par le ministère de l’Agriculture et celui de la Transition écologique, l’Unaf, Union nationale de l’apiculture française, publie un rapport pour une réelle protection des abeilles.
Cette étude dresse plusieurs constats. « L’arrêté abeilles n’est pas en cohérence avec son objectif de protection des abeilles contre les pesticides pendant la floraison : quid des pesticides systémiques, appliqués bien avant la floraison, mais retrouvés dans les fleurs ? Quid des fongicides et herbicides, aujourd’hui écartés de la réglementation, alors qu’ils sont responsables d’intoxications aiguës de colonies d’abeilles ? », estime le syndicat apicole.
Un arrêté mal appliqué
Selon l’Unaf, près de la moitié des usages insecticides bénéficient aussi d’une dérogation à cette interdiction. « Comment parler de principe d’interdiction lorsque la dérogation devient la règle ? », juge l’Union.
« L’arrêté abeilles est aujourd’hui mal appliqué par le monde agricole, considère encore l’Unaf. Et pour cause : le rapport fait apparaître un manque de lisibilité et une méconnaissance globale de cette réglementation par les personnes supposées l’appliquer. »
Au terme de ce rapport, les apiculteurs rappellent leur soutien aux recommandations de l’Anses de février 2019 (élargissement aux fongicides/herbicides et traitements nocturnes notamment) et émettent des recommandations supplémentaires.
Retour au respect de l’interdiction de traitement en floraison
L’Unaf demande notamment un retour au respect du principe de l’interdiction de traitement en floraison : elle propose pour cela de conditionner la délivrance des dérogations exceptionnelles à une analyse comparée de l’efficacité et des risques pour les abeilles d’autres moyens de lutte, agronomiques et chimiques, le traitement en floraison ne pouvant intervenir que si cette analyse indique qu’il n’y a pas de méthode moins risquée.
Pour Antoine Caron, secrétaire général de l’Unaf : « Tous les indicateurs le montrent : les abeilles et les pollinisateurs subissent un déclin vertigineux. Comme nous l’ont rappelé dernièrement les experts de l’IPBES (1), il faut cesser les demi-mesures et avoir le courage politique de protéger cette biodiversité, vitale pour notre société. »
(1) Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques.