L’annonce par Julien Denormandie le ministre de l’Agriculture, d’une possible dérogation temporaire à l’interdiction des néonicotinoïdes pour les producteurs de betteraves, continue de faire des vagues. Dix-huit organisations (1), dont la Confédération paysanne, ont adressé le 17 août 2020 un courrier au ministre pour le convaincre d’abandonner cette idée. La semaine dernière, le Modef s’était lui aussi élevé contre cette annonce.

Aucun argument ne tient

Dans ce courrier, les signataires balaient un à un les arguments mis en avant par les défenseurs du retour de ces insecticides en enrobage de semences. Pourtant, il s’agit de contrer les pucerons qui cette année ont disséminé le virus de la jaunisse virale chez les betteraves. Pour ces organisations, donc, l’argument selon lequel la betterave ne fleurit pas et ne présente pas de risque pour les pollinisateurs ne tient pas.

 

Après avoir dénoncé les arguments de la CGB, Confédération générale des planteurs de betteraves, les signataires utilisent un tweet posté par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, le 10 août 2020. Dans ce tweet, la ministre assure que « pour limiter les risques, seul l’enrobage des semences est autorisé et non la pulvérisation et il sera interdit de planter des cultures à fleurs lors de la prochaine saison pour ne pas attirer les pollinisateurs ».

 

La filière mise à mal

Pour les signataires du courrier à Julien Denormandie, c’est bien la preuve qu’il existe un risque pour les pollinisateurs. Barbara Pompili s’est aussi montrée solidaire de la filière sucrière, affirmant que sans solution, la pérennité du secteur sucrier français était remise en cause. Là encore, les organisations balaient l’argument de la souveraineté alimentaire dénonçant « la trop grande consommation de sucre » et la vocation exportatrice de la France.

 

Le courrier fait aussi part des craintes des signataires de voir d’autres dérogations être données. Comme par exemple aux maïsiculteurs au nom desquels l’AGPM a également demandé une dérogation. « Désormais c’est l’ensemble des filières qui vont se presser une à une dans votre bureau pour obtenir de telles dérogations », dénoncent les signataires du courrier.

Une pétition en ligne

Enfin, pour appuyer encore leur demande, les auteurs de la lettre s’appuient sur une pétition en ligne contre la dérogation qui aurait déjà recueilli plus de 96000 signatures. Les débats parlementaires à l’automne pour la mise en place de cette dérogation s’annoncent agités.

(1) Agir pour l’environnement, la Confédération paysanne, Eau et rivières de Bretagne, Fédération nature & progrès, Générations futures, Greenpeace, Les amis de la Terre, Gaiji khaledn, LPO, Miramap, Mouvement de l’agriculture biodynamique, Nous voulons des coquelicots, Pollinis, Syndicat des apiculteurs d’Occitanie, Syndicat national d’apiculture,Terre d’abeilles, WECF France, WWF-France, Unaf.