« C’est inquiétant de voir les agriculteurs plus résignés que combatifs face à la crise, a déclaré Pascal Cormery, président de la Caisse centrale de la MSA (CCMSA), le 11 octobre 2016 à Paris lors d’une conférence de presse. Il y a une interrogation dans les campagnes sur le sens du métier. Beaucoup de collègues me disent : “Est-ce qu’on a encore besoin de nous ?” »

 

La crise se lit dans les comptes des entreprises agricoles. En 2015, 30 % des agriculteurs au réel déclarent des revenus professionnels inférieurs à 4 248 €, soit 354 € de revenus mensuels. Ils étaient 18 % dans cette situation un an plus tôt.

L’option à l’assiette annuelle reconduite

« La MSA a mis en œuvre des mesures d’urgence, a poursuivi Pascal Cormery. En 2015, 140 millions d’euros d’allègements de cotisations ont été accordés. En 2016, de nouvelles mesures d’accompagnement financier ont été mises en place. Deux enveloppes de prises en charge de cotisations ont déjà été allouées pour un montant de 60 millions d’euros. »

 

Pour 2017, l’option pour l’assiette annuelle des cotisations est exceptionnellement prolongée pour les exploitants présentant un revenu moyen inférieur à 4 248 euros en 2015 et 2016, et les nouveaux installés et les jeunes agriculteurs dont les revenus ne dépassent pas les 4 248 € en 2016.

Faciliter l’accès aux aides sociales

Pour faciliter l’accès aux aides sociales, la MSA va élargir à l’ensemble des agriculteurs en difficulté son dispositif « Rendez-vous Prestations MSA ». Elle renforce aussi son dispositif de remplacement temporaire des agriculteurs en situation d’épuisement professionnel et lui alloue 4 millions d’euros.

 

Enfin, les conditions d’éligibilité à la prime d’activité pour les exploitants agricoles devraient être assouplies. La MSA enregistre d’ailleurs une explosion des demandes en 2016, avec plus de 200 000 demandes contre 60 000 demandes attendues.

Emploi salarié dégradé

« Les conséquences de ces crises sur les salariés agricoles sont aussi très manifestes », a poursuivi Thierry Manten, vice-président de la CCMSA. Le nombre de contrats de travail en cours à la fin du troisième trimestre de 2015 est en recul de 1,6 %. « Nous n’avions pas connu un tel niveau de baisse depuis le troisième trimestre de 2010 », a ajouté Thierry Manten.

 

L’ensemble des secteurs sont touchés. Seuls les CDD dans la transformation agricole échappent encore à la morosité. Autre impact : l’augmentation du nombre de demandes d’accès à des prestations sociales de solidarité. En cumul depuis le début de 2016, 15 000 foyers de salariés agricoles ont bénéficié du droit au RSA socle et 72 600 salariés agricoles, de la prime d’activité.

Un état de sidération

« La crise a des répercussions sur les familles et la santé des agriculteurs », a souligné Pascal Cormery. Lors du premier semestre de 2016, Agri’écoute (1), permanence de prévention du suicide de la MSA, a reçu quelque 1 700 appels, soit une augmentation de l’ordre de 30 % par rapport à 2015.

 

(1) 09 69 39 29 19 (prix d’un appel local)