Marre d’être les « dindons de la farce »… « On devient l’une des rares zones dans le monde à ne pas protéger son agriculture », observait Damien Brunelle, secrétaire général adjoint de la Coordination rurale, lors de la conférence de rentrée du syndicat, ce lundi 9 septembre 2019. Un syndicat qui « réclame depuis toujours une exception agriculturelle sur les marchés ».

Appliquer la loi sur l’alimentation

C’est d’ailleurs un sujet, si ce n’est le seul, sur lequel la Coordination rurale « est d’accord avec des ONG comme Greenpeace », note Bernard Lannes, réaffirmant la mobilisation totale de son syndicat contre les accords de libre-échange. « On a les moyens de se protéger, comme les États-Unis et la Chine », estime le président du syndicat. À commencer par appliquer l’article 44 de la loi sur l’alimentation, votée dans la foulée des États-généraux de l’alimentation.

 

« S’il était appliqué, on ne devrait pas voir en France des produits importés traités par des phytos que l’Anses a jugés assez dangereux pour les interdire en France. » Commençons par mettre fin à ces importations avant de créer des ZNT, zone de non-traitement, propose la Coordination rurale, qui veut bien que les agriculteurs français soient les « premiers de la classe » à condition d’être protégés des concurrences déloyales.

Aller vers de nouvelles cultures

D’autant que ces concurrences déloyales ne sont pas bonnes pour l’agroécologie, car elles rendent certaines cultures peu attractives. « On aurait besoin de diversifier nos assolements avec des légumineuses et oléoprotéagineux, mais pour que cela puisse se faire, on a besoin d’une certaine protection des marchés », plaide Damien Brunelle. Ceux qui ont encouragé une « agriculture industrielle », en misant sur l’agrandissement et la simplification des assolements avec « que deux ou trois cultures sur l’exploitation car ce sont elles qui sont rentables » doivent aujourd’hui « assumer leurs responsabilités », estime Bernard Lannes. « Si on fait beaucoup plus d’oléoprotéagineux et beaucoup moins de blé, on va s’en sortir, mais pour cela il faut qu’on nous protège. » Face aux importations massives, un bilan carbone aux frontières et une traçabilité intégrale sur les étiquettes sont des pistes qui pourraient, selon lui, aider à « retrouver de la valeur ».