« L’abondance de l’offre, la faiblesse de la demande d’importations et l’extension du [corridor céréalier maritime permettant les exportations d’Ukraine, NDLR] ont contribué à cette baisse » des prix mondiaux des produits alimentaires. C’est ce que révèle l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ce vendredi 7 avril 2023. Sur un mois, son indice des prix, qui suit la variation des cours internationaux d’un panier de produits de base, a reculé de 2,1 % par rapport à son niveau de février. Il chute de 20,5 % « par rapport à son niveau record de mars 2022 ».

Les cours mondiaux du sucre augmentent

Le recul des prix des céréales (–5,6 % sur un mois) et des huiles végétales (–3 %) a compensé la hausse du sucre (+1,5 %), qui est à « son niveau le plus élevé depuis octobre 2016. Cela reflète les inquiétudes liées à la baisse des perspectives de production de sucre en Inde, en Thaïlande et en Chine », souligne la FAO. Le prix du blé a chuté de 7 %, « sous l’effet d’une forte production en Australie, de l’amélioration de l’état des cultures dans l’Union européenne, de l’importance des disponibilités en Russie et de la poursuite des exportations de l’Ukraine à partir de ses ports de la mer Noire ».

Les prix mondiaux du maïs ont baissé de 4,6 %, en partie du fait « des attentes d’une récolte record au Brésil », et ceux du riz de 3,2 %. Ceux des huiles végétales ont dévissé de 47,7 % sur un an. Pourquoi ? À cause de « l’abondance de l’offre mondiale et de la faiblesse de la demande d’importations qui ont fait baisser les cotations des huiles de soja, de colza et de tournesol ». Cette évolution a « plus que compensé la hausse des prix de l’huile de palme », qui s’explique par la baisse des niveaux de production en Asie du Sud-Est due aux inondations et aux restrictions temporaires à l’exportation imposées par l’Indonésie.

Le beurre toujours en hausse

« Si les prix ont baissé au niveau mondial, ils restent très élevés et continuent d’augmenter sur les marchés intérieurs, ce qui pose des problèmes supplémentaires en matière de sécurité alimentaire », a tempéré Máximo Torero, économiste en chef de la FAO. « C’est particulièrement le cas dans les pays en développement importateurs nets de denrées alimentaires, la situation étant aggravée par la dépréciation de leurs monnaies par rapport au dollar américain ou à l’euro et par le fardeau croissant de la dette », a-t-il souligné.

Les prix du beurre ont par exemple augmenté « en raison de la forte demande d’importations ». Celui de la viande bovine a aussi légèrement progressé sous l’effet de la hausse des prix intérieurs aux États-Unis, « qui s’attendent à une diminution de l’offre à l’avenir ». Malgré l’apparition de foyers de grippe aviaire dans plusieurs grands pays exportateurs, les prix mondiaux de la viande de volaille ont eux « baissé pour le neuvième mois consécutif en raison de la faiblesse de la demande mondiale d’importations ».

Par ailleurs, la FAO a mis à jour ses prévisions pour la production mondiale de blé en 2023. Elle prévoit une récolte de l’ordre de 786 millions de tonnes, « soit 1,3 % de moins que le niveau de 2022 ». Cette récolte serait toutefois la deuxième plus importante « jamais enregistrée », avec des superficies records en Asie.