Ce mercredi 15 mars 2023, les Néerlandais se rendent aux urnes pour désigner les représentants au Sénat. Des élections provinciales qui sont marquées par une fronde des agriculteurs contre les plans pour l’environnement du gouvernement de Mark Rutte.

Les Pays-Bas pourraient changer de majorité

Le « Mouvement agriculteur-citoyen » (BBB), fondé en 2019 et fort d’un siège de député, pourrait être l’un des grands vainqueurs à la sortie des urnes, selon les sondages, aux dépens de la coalition au pouvoir du Premier ministre Mark Rutte, du parti de centre-droit VVD.

Le BBB pourrait alors s’allier avec d’autres partis au Sénat pour contrarier la politique du gouvernement et s’opposer notamment à toute réduction de cheptel ou expropriation éventuelle d’agriculteurs.

Le monde agricole a exprimé sa colère ces derniers mois en manifestant contre les plans du gouvernement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur, récoltant notamment le soutien de l’ancien président américain Donald Trump.

25 milliards pour réduire les émissions d’azote

Le gouvernement vise à baisser de 50 % d’ici à 2030 les émissions d’azote, un gaz à effet de serre émis notamment par les engrais et les effluents d’élevage. Cette mesure est nécessaire, selon lui, pour résoudre la crise du logement aux Pays-Bas où de grands projets de construction, qui émettent également de l’azote, ont été suspendus par la justice pour des raisons environnementales.

La Haye veut débloquer 25 milliards d’euros d’ici à 2035 pour aider le secteur agricole à réduire ses émissions d’azote, notamment grâce à une réduction du cheptel mais éventuellement aussi par des expropriations dans des endroits proches de zones naturelles protégées.

Les agriculteurs estiment que le gouvernement de Mark Rutte, en poste depuis 2010 et Premier ministre néerlandais le plus longtemps au pouvoir, ignore leurs préoccupations. Le pays étant le deuxième exportateur agricole mondial après les États-Unis, malgré sa petite taille, environ 41 500 km² pour dix-huit millions d’habitants.

Fumier et drapeaux, les agriculteurs en colère

Autoroutes bloquées par des tracteurs et du fumier, rassemblements houleux devant les maisons de responsables politiques, drapeaux néerlandais à l’envers plantés dans des champs en symbole de leur fronde : les actions des agriculteurs ont attiré l’attention du monde entier.

Ils étaient encore des milliers à manifester samedi à La Haye, où siège le gouvernement, alors que des militants pour le climat bloquaient une artère principale de la ville au même moment.

« On ne se sent pas vraiment entendus, on ne se sent même parfois plus les bienvenus dans notre propre pays », a déclaré la semaine dernière à l’AFP, Erik Stegink, président national du BBB et éleveur porcin. Les agriculteurs se disent injustement ciblés par le gouvernement, par rapport à d’autres secteurs comme l’industrie et les transports.

La théorie complotiste gagne du terrain

L’extrême droite s’est saisie du sujet en alléguant que les agriculteurs sont victimes d’un complot « mondialiste » visant à les priver de leurs terres.

Les sondages prévoient toutefois un revers écrasant pour le parti populiste Forum pour la démocratie (FvD), pourtant grand vainqueur des dernières élections provinciales en 2019.

Son leader Thierry Baudet a prôné ces dernières années une théorie du complot coronasceptique et érigé en « héros » Vladimir Poutine, espérant une victoire du président russe en Ukraine.