"Comment est-il possible de croire que je pourrai supporter un coût d'irrigation passant de 480 à 2 400 €/ha/an à partir de 2023 ?" Face à la flambée des coûts de l'électricité, Jérôme Brenat, polyculteur sur la commune d'Eymeux (Drôme), s'interroge. La situation est intenable pour tous les clients du syndicat intercommunal d'irrigation de la Drôme (Sid). Ce dernier pourrait voir sa facture d'électricité grimper à 30 millions d'euros pour 2023, alors qu'il a déjà dû absorber une facture de 7,5 millions d'euros en 2022 contre 2,5 millions d'euros en 2020. Facture qu'il a répercutée sur ses 2 500 clients professionnels.
"À ce prix, c'est la mort de l'agriculture drômoise"
Le Sid gère 80 % des surfaces irriguées du département. "Le Sid n'est considéré ni totalement comme une collectivité, ni totalement comme une entreprise. Il se retrouve donc exclu des dispositifs d'aides", explique Sophie Lasausse, sa directrice. Dans ce contexte, les agriculteurs adhérents verraient leur coût d'irrigation passer de 0,12 €/m³ en 2022 à 0,62 €/m³ en 2023. "À ce prix, c'est la mort de l'agriculture drômoise. Même à 0,25 ou 0,30 €/m³, ça ne passerait pas. Si les réseaux ne peuvent ouvrir, il n'y aura ni fruits, ni semences, ni alimentation pour le bétail", s'insurge Jérôme Brenat.
Aucune visibilité
Bien qu'ayant alerté les parlementaires et le ministre de l'Agriculture, les dirigeants du syndicat restent incertains sur les mesures à venir. "Soutenus et accompagnés dans notre démarche par l'Asa de France, nous demandons que l'augmentation de nos prix d'électricité ne dépasse pas 30 % par rapport à 2022 et que le MWh soit plafonné à 120 €", souligne Sophie Lasausse.
À quelques jours de la signature de leur nouveau contrat d'électricité pour 2023, l'absence de visibilité rend la situation inquiétante. "Difficile dans ces conditions d'anticiper notre prochaine campagne, ne serait-ce que pour préparer l'assolement pour 2023", indique Jérôme Brenat.