Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et son Premier ministre avaient annoncé le 19 septembre 2019 qu’ils prévoyaient d’autoriser dès 2020 la vente aux Ukrainiens des terres agricoles du pays. Venus à l’appel d’associations paysannes et du parti nationaliste Svoboda, les manifestants se sont réunis devant la présidence et le Parlement, qui doit examiner prochainement un projet de loi en ce sens.

La peur des capitaux étrangers

« Je suis venue pour empêcher la vente des terres », a déclaré Valentyna Zemliana, agricultrice de la région de Kharkiv (est), appelant le président à écouter « les simples gens ». Les terres « seront acquises par des étrangers. Eux, ils ont de l’argent ». Même discours d’Oleksandre Klepatch, de la région de Mykolaïv (sud) : « Si les terres ukrainiennes sont mises en vente, il n’y aura plus de place pour le peuple ukrainien. Il va y avoir des Américains, Chinois et Russes qui sont prêts à en acheter. »

Un marché ouvert dans un an

Jadis baptisée le « grenier à blé de l’Europe », l’Ukraine dispose de 32,5 millions d’hectares de terres arables, soit près du double de la France, parmi lesquelles des « terres noires », reconnues pour leur grande fertilité. Le gouvernement du président Volodymyr Zelensky, élu en avril, prévoit d’ouvrir le marché des terres à partir d’octobre 2020, mais d’abord uniquement, pendant cinq ans, pour les particuliers ukrainiens et les entreprises du pays.

Il s’agit d’un projet controversé. Selon des sondages, entre la moitié et les deux tiers des Ukrainiens y sont opposés. Actuellement, les terres agricoles ukrainiennes ne sont disponibles qu’à la location, ce qui freine fortement les investisseurs dans ce secteur, qui est néanmoins devenu ces dernières années un des moteurs de l’économie nationale. Il représente près de 15 % du PIB et 40 % des exportations.

Selon les estimations de la Banque mondiale, l’ouverture du marché des terres pourrait contribuer à une hausse supplémentaire du PIB à hauteur de 1,5 % pendant plusieurs années dans ce pays, actuellement parmi les plus pauvres en Europe.

R.H., avec l’AFP