"Nous siégeons dans le Conseil national de la restauration collective (CNRC) mais c'est une structure qui ne peut pas réellement agir en gardant les mêmes méthodes que depuis quatre ans", juge Tristan Arlaud, maraîcher dans les Bouches-du-Rhône et représentant de la Coordination rurale au Conseil national de l'alimentation.
Dans une prise de position rendue publique le 10 janvier 2023, il souligne l'impuissance du CNRC : "Les chiffres tombent et ils sont mauvais. L'échec annoncé d'une politique trop centralisé semble inéluctable."
Motivation
Instance de concertation, le Conseil national de la restauration collective (CNRC) a été installé en 2019 sous l'égide du ministère de l'Agriculture. Son objectif est d'atteindre un taux de 50 % d'approvisionnements composés de produits biologiques, durables ou sous signes officiels de qualité. Cette ambition est une disposition de la loi "Agriculture et alimentation", promulgée le 1er novembre 2018 et issue des Etats-généraux de l'alimentation lancés en juillet 2017.
Or, pour la Coordination rurale, qui met en avant des chiffres communiqués au sein du CNRC, les objectifs sont loin d'être atteints. "La plateforme Agrilocal devait rapprocher les agriculteurs locaux et les établissements scolaires. Mais même les cuisines gérées par l'Etat n'atteignent que 50 % des objectifs de la loi. C'est dire la motivation réelle de ceux qui nous expliquent comment faire", critique Tristan Arlaud.
Verticalité
Pour lui, le péché originel de cette manière de fonctionner réside dans la façon d'élaborer les projets agricoles territoriaux (PAT). Il leur reproche leur création "venue d'en haut". Il vaudrait mieux partir du terrain et s'appuyer sur les dynamiques locales qui fonctionnent.
"Avec des citoyens de mon village de Puy-Sainte-Réparade, nous avons créé une plateforme de vente à un kilomètre du collège. Le chef de cuisine s'y approvisionne très simplement par un coup de fil. Cela marche mais nous n'avons pas été labellisé PAT parce que, dans les faits, ce sont surtout les collectivités territoriales qui le reçoivent. Pour nous, tout ce qui touche à l'alimentation doit se faire de manière ascendante et non l'inverse", explique Tristan Arlaud.
Il poursuit en prenant l'exemple du menu végétarien dans les cantines scolaires : "le menu végétarien doit rester une option et non une obligation. Les mangeurs n'en veulent pas mais l'Etat l'impose."
Il met aussi en avant ses doutes sur les outils de pilotage des actions du CNRC qui reposeraient sur des statistiques peu solides.