Les syndicats sont alors montés au créneau, en disant que c’était inadmissible. Ils auraient mis en place des chartes dès le début, on n’en serait peut-être pas là. Mais à vouloir toujours attendre… À vouloir toujours s’opposer pour s’opposer, on finit par subir. »
Le parlementaire estime qu’il aurait ainsi été préférable de négocier au plus près du terrain, « faire discuter les gens ensemble sur les départements. C’est beaucoup plus facile que de se voir imposer des mesures au niveau national. »
« On arrive à une situation très compliquée »
Jean-Baptiste Moreau accuse également les préfets d’inertie : « Ils ne se sont pas non plus saisis de grand-chose. Et, de fait, aujourd’hui, on se retrouve dans une situation très compliquée. J’aurais préféré que tout passe par des chartes et qu’il n’y ait pas de réglementation nationale. »
« Mais aujourd’hui, je ne vois pas comment on va pouvoir faire sans une réglementation nationale. D’autant qu’on entend très bien que ça monte dans la société. » Et même si certaines chartes ont vu le jour, « pendant longtemps, il n’y a pas eu grand-chose de fait pour être honnête. Ça a mis trop de temps à l’allumage », regrette-t-il.
Se borner désormais à l’avis de l’Anses
Pour la suite, « la réglementation nationale devra se borner à l’avis de l’Anses, ajoute le député de la Creuse. Sinon c’est la porte ouverte à légiférer en dehors de tout avis scientifique. Aujourd’hui, on est uniquement dans l’émotionnel : 150 mètres et pourquoi pas 300 mètres, ou encore 500 mètres ? C’est une catastrophe. C’est vraiment un danger de raisonner uniquement sur de l’émotionnel. »
« Les maires qui prennent 150 mètres, poursuit-il, je souhaite que dans le même temps, ils prennent un arrêté contre l’artificialisation des sols, et contre les constructions sur les surfaces agricoles. Il faut être cohérent. »
Depuis lundi 9 septembre 2019, les Français sont invités à donner leur avis sur les zones non traitées par les produits phytosanitaires. La fin de la consultation est programmée pour la fin de septembre. Ses résultats seront analysés et dépouillés pendant deux mois afin d’élaborer un décret qui doit entrer en application le 1er janvier 2020, dans les zones où aucune charte départementale n’aura été signée, selon le ministère de l’Agriculture. S’appuyant sur les préconisations scientifiques de l’Anses, le gouvernement a proposé de fixer une distance minimale à 5 mètres pour les cultures dites basses (céréales par exemple) et à 10 mètres pour les cultures hautes, telles que les vignes ou l’arboriculture.