« La conjoncture est difficile », concède Mathieu Pecqueur, directeur général de Culture viande, qui fédère les principales entreprises françaises d’abattage, de découpe et de préparation. En viande bovine, « la consommation à domicile a chuté de 8,3 % sur les dix dernières années. Sur la même période, la consommation de viande piécée recule de 25 %, tandis que celle de viande hachée progresse de 24 %. »
« Rééquilibrer la valeur »
En conséquence, les pièces nobles sont davantage utilisées pour la viande hachée et les produits élaborés. « Pour autant, nous ne parvenons pas à revaloriser ces produits auprès de la distribution, poursuit Mathieu Pecqueur. Pour compenser, le prix de la viande piécée explose, alors que sa consommation recule. C’est un cercle vicieux, et il est nécessaire rééquilibrer la valeur de la viande hachée et piécée. »
À court terme, l’afflux de vaches de réformes dans les abattoirs à cause de la sécheresse pourrait tendre le marché de la viande bovine. « Cela aura un effet mécanique sur les prix, dans un contexte de forte concurrence de la Pologne à l’exportation, notamment sur les marchés grecs et italiens », analyse le directeur général de Culture viande.
« Continuer à exporter du porc »
Dans le secteur porcin, le marché reste déséquilibré, avec une offre qui continue de croître face à une demande en berne. « La production européenne progresse de l’ordre de 2 % sur un an, de 3 % en France dans la zone Uniporc Ouest, calcule Paul Rouche, le directeur délégué de Culture Viande. Dans le même temps, la consommation intérieure est en repli de 5 % depuis le début de l’année. »
Autre dossier brûlant : la peste porcine africaine, qui « menace toute la filière française et européenne », appuie Paul Rouche. Face au risque d’arrivée du virus dans l’Hexagone, il demande aux pouvoirs publics d’obtenir « une régionalisation du territoire pour autoriser les zones qui ne seraient pas touchées à pouvoir continuer à exporter », ainsi qu’« un distinguo entre faune sauvage et animaux d’élevage, pour pouvoir continuer à transporter des animaux d’élevage sains ».