Il y a plus de parasites en volaille qu’on ne le croit. En 2022 et 2023, l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) a mené une étude sur le parasitisme intestinal chez les volailles élevées en plein air. Les résultats montrent que « le parasitisme intestinal est sous-évalué » et que « les vermifuges sont les traitements les plus efficaces… Quand les recommandations en termes de fréquence d’usage sont suivies », résume Angélique Travel, cheffe de projet à l’Itavi. Elle présentait ces conclusions lors d’une journée technique organisée le 23 mai 2024 par le GIE Élevage Occitanie, les chambres d’agriculture départementales et l’interprofession avicole de la Région.
Pour parvenir à ces enseignements, l’Itavi a développé, avec l’Anses, une nouvelle méthode pour déterminer la présence de parasites intestinaux chez les volailles. Le protocole dit « par tamisages successifs » a donc été mis en place. Il se différencie de la méthode traditionnelle, par coproscopie.
« La coproscopie mesure la présence d’œufs de parasites dans la matière fécale. Il s’agit donc d’une méthode quantitative, détaille la spécialiste. Avec le tamisage, on dénombre les vers dans le contenu intestinal de quatre volailles. Cela permet donc non seulement le comptage des vers mais aussi l’identification de leur type. » Notons que « les éleveurs ne peuvent pas réaliser eux-mêmes ces tests mais nous avons formé des professionnels dans une dizaine de cabinets vétérinaires en France et dans quelques laboratoires départementaux », explique Angélique Travel.
Traitements antiparasitaires : enrayer le développement des résistances simplement et sans compromis
93 % de poules pondeuses infectées
Pendant deux ans, l’Itavi a effectué des prélèvements avec cette nouvelle méthode. Ils concernent 106 élevages de poules pondeuses et 65 exploitations de volailles de chair, dans le Grand Ouest et dans le Sud-Est. Au total, 93 % des poules pondeuses étaient infectées, de même que 46 % des volailles de chair. « Ce sont des chiffres plus élevés que ne le montrent les études précédentes, particulièrement chez les poules pondeuses », indique Angélique Travel.
Comme la méthode permet d’identifier les types de parasites, l’étude a montré que « les nématodes sont très souvent trouvés ». Il s’agit de vers ronds, parmi lesquels les Ascaridia galli (de 5 à 12 cm de longueur, qui absorbent les nutriments et peuvent provoquer des occlusions intestinales) et les Heterakis (de 7 à 15 mm de longueur, qui peuvent transporter l’agent responsable de l’histomonose). Ils sont les plus présents chez les poules pondeuses et les seuls en volaille de chair.
Cette étude a enfin montré que, quels que soient les types d’élevage (fermiers, bio, de plein air ou sous label pour les volailles de chair et code 0 ou code 1 pour les pondeuses), « le vermifuge est le plus efficace dans la lutte contre ces parasites, assure Angélique Travel. On remarque quand même dans de nombreux élevages qu’il n’est pas renouvelé assez souvent. Mais, en tout cas, il n’y a pas de méthode alternative miracle. »