Le président de la République a lancé un véritable défi aux filières agricoles, en leur enjoignant de construire des plans de filière avant le 10 décembre. Un « défi » que Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, « prend le pari de relever ». Et ce n’est pas Jean-Michel Schaeffer, président de la CFA, qui la contredira. Lors de son discours de clôture, il a réaffirmé que « la filière de la volaille a de l’avenir », et que « des projets de filière, on en a », et des « bien ficelés ! »
Spécialiser les outils
« La filière a deux objectifs. » Le premier est de reconquérir le marché intérieur, en particulier le segment de la restauration hors domicile (RHD) (voir l’encadré). Cela passera par « un équilibre à trouver entre une segmentation plus poussée et des produits standardisés », pour la RHD mais aussi les premiers prix en GMS. Pour cela, « il faudra spécialiser les outils industriels pour faire de « l’épicerie » pour la GMS, et du plus standardisé pour la RHD. » Le deuxième est la reconquête du grand export, alors que les concurrents brésilien, mais aussi ukrainien et russe, sont plus compétitifs.
Mais pour « réorienter et reconquérir les marchés perdus, il faudrait investir 1 milliard d’euros sur cinq ans pour a filière volaille de chair, pour les éleveurs, les accouveurs, les industriels et les abattoirs », dont deux tiers pour l’amont agricole (630 M€ pour les bâtiments d’élevage et 100 M€ pour la rénovation et la construction de bâtiments pour les reproducteurs), comptabilise-t-il. Et là, la filière a besoin de l’État. Jean-Michel Schaeffer demande qu’une partie des 5 milliards qui seront alloués à la fin des EGA, soient attribués à la filière avicole.
Dans la filière œufs, les besoins en investissement pour sortir des cages s’élèveraient entre 350 et 500 M€ sur 5 ans. Dans la filière cunicole, qui souffre d’un effondrement catastrophique de la consommation (-30 % en 3 ans), les besoins sont évalués à 85 M€ sur 5 ans.
L’enjeu des pertes indirectes
Parmi les autres sujets évoqués, il a évidemment été question de grippe aviaire. Jean-Michel Schaeffer a rappelé les coûts des deux crises successives : 600 M€, une moitié pour l’amont, l’autre pour l’aval, 12 millions de canards et 10 millions de volailles abattus ou non produits. Et pour construire des bâtiments d’élevage aux nouvelles normes de biosécurité, ce sont pas moins de 220 M€ qui devraient être investis.
« Sur le terrain, ce n’est plus tenable », alerte-t-il. Et maintenant que les maïs sont finis, il prédit une reprise des mobilisations. Pour calmer les troupes, il réclame une indemnisation des pertes subies après le 29 mai faute de poussins disponibles. Des pertes estimées à 29 M€.
Hervé Durand, le directeur adjoint de la DGAL, a essayé de rassurer les éleveurs en récapitulant les aides déjà apportées. Quant à la prise en compte des pertes indirectes, « les discussions continuent avec la Commission, et nous sommes attachés à obtenir le maximum ». Pas sûr que la délégation des Landes, très remontée, s’en satisfasse…