Dans les années quatre-vingt, quand Jeanine et Henri Mazaud s’installent sur la ferme familiale à Nexon, en Haute-Vienne, la surface limitée (17 ha) les contraint à mettre en place une production hors-sol à côté de la troupe ovine. « Comme je venais de suivre une formation sur le pigeon de chair en Bretagne, notre choix s’est tout naturellement porté sur cette espèce, relate Henri. Elle ne nécessite pas d’investissement important et les rentrées d’argent régulières nous avaient séduits. » Les bâtiments, autoconstruits en bois, sont des structures légères divisées en parquets. Chacun accueille les nichoirs pour 18 couples. Au total, le Gaec des Réserves élève, aujourd’hui, 540 couples.

 

Un couple fidèle sur la durée de la production

« Les pigeons d’un même parquet passent toute leur vie ensemble », explique Fabien, installé récemment avec sa mère (1). Le plus souvent, le mâle et la femelle, au sein d’un couple, sont également fidèles l’un à l’autre sur la durée de la production (environ cinq ans). Au total, chaque couple élève en moyenne 10 pigeonneaux par an. Fabien tient rigoureusement les comptes, comme pour le troupeau de brebis. Il a calculé que le produit brut d’un couple et demi de pigeons est équivalent à celui d’une brebis. Dès que les performances d’un parquet diminuent, il le réforme. « Une partie des reproducteurs est choisie parmi les jeunes issus des parents les plus performants. Le reste est acheté chez un sélectionneur (Grimaud Frères). Chaque couple coûte environ 35 €. »

 

La couvaison dure dix-sept jours. Elle concerne un ou deux œufs, jamais plus. Après l’éclosion, les parents alimentent les petits avec le lait de jabot. Les pigeonneaux ont leur « ration » par régurgitation en enfonçant leur bec dans la gorge des adultes. Comme la troupe ovine, les pigeons consomment les céréales cultivées sur l’exploitation. Chaque parquet dispose de maïs et de blé à volonté. « Les oiseaux s’autorégulent », précise Fabien. Ils reçoivent aussi un complément alimentaire du commerce qui vise à faciliter le broyage des graines dans le gésier. Le maïs reste l’aliment privilégié. Il représente plus de la moitié des 51 kg d’aliment consommés par couple et par an.

L’approvisionnement des mangeoires se réalise deux fois par mois automatiquement avec la trémie-distributrice autoconstruite, qui sert également pour le remplissage des nourrisseurs des agneaux. « Nous surveillons chaque jour que tout se passe bien et, notamment, si les abreuvoirs sont propres », indique le jeune éleveur.

Abattage contraignant

La tâche la plus importante pour cet atelier est celle de l’abattage. Henri a construit un local adapté dès son installation. « Nous sommes cinq, chaque mardi matin, pour tuer et préparer 70 pigeonneaux en moyenne, détaille Fabien. Nous faisons appel à deux salariés. Chaque mercredi, j’effectue la livraison chez nos clients restaurateurs et dans les magasins de producteurs. Les particuliers viennent le plus souvent chercher leur commande à la ferme. » Régulièrement, les associés utilisent le local de transformation en Cuma afin de préparer diverses terrines pour valoriser les pigeons de réforme.

M.-F. M.

(1) Henri a pris sa retraite depuis quatre ans.