S’ils restent attachés à leur territoire où il fait bon vivre, les ruraux se sentent chaque année un peu plus délaissés. C’est le principal enseignement de l’enquête réalisée par l’Ifop pour Familles rurales. Sept ans après sa première édition, le baromètre 2025 « Territoires ruraux : perceptions et réalités de vie » sonne comme un signal d’alerte et un appel à agir.
Niveau record du sentiment d’abandon
En 2025, 59 % des ruraux estiment que leur territoire est « abandonné » et 48 % qu’il est « en déclin », soit une hausse de 13 points par rapport à 2023. Ces chiffres record dépassent également de 11 points ceux de 2018, à la veille de la crise des gilets jaunes.
Si les ruraux sont 94 % à juger leur territoire « agréable à vivre », un chiffre stable depuis 2018, ils se montrent plus inquiets que jamais à l’égard de son attractivité, note l’enquête. À titre d’exemple, plusieurs traits d’image positifs chutent en 2025 et retrouvent leurs niveaux de 2018 : « qui connaît un renouveau » perd 11 points, « attractif » 8 points, « dynamique » 3 points et « moderne » recule de 6 points.
Un manque accru d’attractivité des territoires
71 % des ruraux, soit 6 points de plus qu’en 2018, citent le déficit d’infrastructures publiques comme cause du manque d’attractivité du monde rural.
Un sentiment qui augmente au fil des ans. 63 % estiment que la situation en matière d’accessibilité aux services publics s’est dégradée. C’est 5 points de plus qu’en 2018 et 36 points supplémentaires par rapport à 2003. L’accès aux services de santé est celui qui s’est le plus dégradé pour 72 % des ruraux interrogés, soit 15 points de plus qu’en 2018 et encore 36 points par apport à 2003.
Ces freins à l’attractivité du monde rural incitent 66 % des ruraux à réclamer aux pouvoirs publics d’agir en priorité contre la désertification médicale. Une demande appuyée par Familles rurales, qui espère la création d’un plan d’urgence.
Les ruraux s’engagent pour leur commune, moins pour leur pays
S’ils sont investis dans des associations au même titre que le grand public, les ruraux le font pour d’autres raisons. 52 % d’entre eux agissent en priorité pour dynamiser leur territoire, soit 10 points de plus que le grand public. Ils sont 17 % à s’engager pour une cause nationale ou internationale, soit 8 points de moins que le grand public.
Les associations privilégiées relèvent d’abord de l’animation locale à 36 %, puis de la protection de l’environnement ou de l’aide aux personnes dépendantes à 23 % chacune.
De ce constat, Familles Rurales appellent les pouvoirs publics à soutenir les associations de services en zones rurales en leur créant un statut spécifique.
Le prochain maire devra être proche de ses habitants
56 % des ruraux ne perçoivent pas de changement significatif opéré par leur mairie depuis les dernières élections de 2020. Pour celles de 2026, 37 % des ruraux valorisent la proximité de leur futur élu, 31 % sa défense des intérêts de la commune à l’extérieur et 26 % son dynamisme.
Aussi bien pour le grand public que pour les ruraux, le socle des enjeux déterminants pour le vote municipal reste proche : santé, sécurité, gestion et finances, propreté. Mais le grand public attache davantage d’importance à la sécurité que le monde rural.
Le manque de transports collectifs limite le pouvoir d’achat
37 % des ruraux interrogés se déclarent satisfaits des solutions de mobilité locales, contre 62 % du grand public. Dans le détail, 34 % des ruraux déclarent qu’aucune mesure ne les incite à se passer de leur véhicule, alors qu’ils sont 22 % dans le grand public. Les ruraux sont également 40 % à attendre une offre de transports collectifs mieux adaptés dans leur territoire, face à 36 % pour le grand public.
Dernier enseignement de l’enquête, 63 % des ruraux dépensent plus de 70 euros par mois pour leurs déplacements, contre 47 % du grand public. Une somme qui impacte fortement le pouvoir d’achat selon 38 % des ruraux, soit 8 points de plus que le grand public. En ce sens, Familles rurales formule une dernière demande aux prochains élus locaux. Celle de déployer un plan de mobilité durable et adapté aux territoires ruraux.