«Cette année, avec un maïs moins riche et moins digestible que d’habitude, la betterave fourragère présente encore plus d’intérêt que les autres années », affirme Benoît Crocq, producteur de lait à Saint-Aubin-du-Pavail, en Ille-et-Vilaine, avec son frère jumeau Vincent. Ils apportent 2,2 kg de matière sèche (MS) de betterave dans la ration des 92 prim’holsteins, avec 9,7 kg MS d’ensilage de maïs, 4 kg MS d’ensilage d’herbe, 2,4 kg de MS de luzerne déshydratée, complémentés par 3,5 kg de correcteur azoté (soja 30 % et colza 70 %), 0,5 kg de paille, ainsi que 110 g d’urée, 220 g de bicarbonate de sodium, 210 g de minéral et 40 g de sel.

« A 0,89 UFL/kg (1), l’ensilage de maïs manque d’énergie, car il est pauvre en amidon (26,9 %) », analyse Philippe Busnel, nutritionniste chez Eilyps. La betterave est peu encombrante et riche en énergie. À côté de la luzerne et de l’ensilage d’herbe, elle a pour effet d’augmenter la densité énergétique de la ration. « En remplaçant 2 à 3 kg de maïs par la betterave, on gagne 1,4 UFL par vache et par jour », explique-t-il. La betterave affiche une valeur énergétique moyenne de 1,12 UFL kg de MS, pour un encombrement de 0,60 UEL (2), à la différence du maïs qui se situe, cette année, à 0,89 UFL pour un encombrement de 0,96 UEL. Ce sont donc 3,2 litres de lait par jour permis en plus par l’énergie, pour un coût maîtrisé, chez des vaches hautes productrices (9 190 kg de lait par an).

Amélioration du TB et TP

Les betteraves sont distribuées le matin avec la mélangeuse, en plantes entières. Elles sont très appétentes et les vaches en raffolent. Il faut cependant prendre quelques précautions, car la plante est acidogène, riche en sucre très rapidement assimilable. Les frères sont vigilants sur la transition alimentaire. « Je distribue 5 kg bruts la première semaine et j’augmente progressivement la quantité, pour atteindre 13 à 15 kg bruts en quatrième semaine », détaille Benoît. Les frères ajoutent aussi du bicarbonate de sodium pour tamponner, et de la paille broyée. L’ensilage d’herbe et la luzerne apportent la cellulose, pour obtenir une ration équilibrée.

« Nous cherchons aussi à améliorer les taux de matière utile du lait », renchérit Benoît. « Pendant les mois d’hiver, l’an passé, le taux protéique a gagné 1,5 point, pour s’établir à 33,5 g/kg, et le taux butyreux a grimpé de 2 points pour atteindre 44 g/kg », commente Philippe Busnel. La plus-value sur la paie de lait s’élève à 5 €/1000 l sur un an (3 750 €), soit 15,1 €/1 000 l, ramené sur la période de distribution.

(1) Unité fourragère/kg. (2) Unité d’encombrement lait .