«Dans la région, le lait recule au profit des cultures. Pourtant, ces productions sont complémentaires », observe David Demarcy, qui évoque les « flux de matière entre ateliers, mais aussi une meilleure répartition du travail. » C’est important quand, comme lui, on emploie un salarié. Pour « mieux chiffrer ce qu’un atelier apporte à l’autre » et en tirer des bénéfices, un groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) - qu’il préside - a été créé en 2017. Il réunit une dizaine de polyculteurs-éleveurs conventionnels issus d’un « groupe lait » de la chambre d’agriculture. à tour de rôle, chacun accueille une réunion sur son exploitation.

Réfléchir en groupe

« Le matin, un expert intervient sur une thématique élevage ou culture. Ensuite, nous étudions le système de l’exploitant qui accueille et lui proposons des évolutions suivant ses objectifs. Le mien était de continuer à produire 600 000 l en réduisant l’achat de concentré à moins de 100 g/l (au lieu de 140 g), et avec la même surface fourragère. » Il a retenu les suggestions les plus réalistes, dont certaines pistes déjà testées. « J’avais commencé à semer des dérobées en interculture, récoltées en ensilage à l’automne. J’ai augmenté leur surface. Cette année, tous mes couverts seront semés en dérobées. Puisqu’il faut un couvert, autant le valoriser. Même si cela entraîne un petit surcoût : de 120 à 150 €/ha en semence et fertilisation, selon le mélange. »

Il mise aussi sur l’herbe, qui couvre 50 % des besoins grâce à une gestion drastique du pâturage. La surface accessible est provisoirement passée de 17 à 21 ares par vache laitière, grâce au semis d’une prairie temporaire. Mais sa vocation est de réintégrer la rotation au bout de trois ans. Tout comme les 5 ha de mélange luzerne - trèfle - ray-grass hybride, semés cette année sur un îlot plus éloigné. « Ce sont de bonnes terres qui étaient labourées depuis des décennies. Le but est de produire de l’ensilage d’herbe pour les vaches, mais aussi de nettoyer la parcelle et de lui apporter de l’azote. »

La valorisation de l’herbe et l’introduction de méteils sont souvent au cœur des propositions, car « cela répond à un enjeu de coût alimentaire et de gestion agronomique ». D’après les simulations réalisées par l’association Agrotransfert, qui accompagne le GIEE, les évolutions allant dans ce sens tendent à améliorer les résultats économiques. « Et environnementaux, ajoute David Demarcy. Mécaniquement, en augmentant la surface en herbe, je réduis mes apports de phytos. Et le méteil introduit produit de l’azote. »