Moins de 20 % de maïs

Maximisation de l’herbe pâturée

Sur dix ans, de 2008 à 2017, le réseau Civam a mesuré les performances technico-économiques de 127 fermes laitières pâturantes du Grand Ouest (ex-région Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire) ayant moins de 20 % de maïs dans la surface fourragère principale (SFP). Ces systèmes utilisent au maximum l’herbe pâturée pour l’alimentation des animaux, en conservant une petite sole en maïs et aux cultures de céréales et protéagineux. Les fermes étudiées sont soit en conventionnel, soit en bio. Leurs performances ont été comparées à celles de 314 exploitations spécialisées en bovins lait de la même zone géographique, d’après les informations comptables du Rica (2).

Fermes « moyennes »

Résultat corrélé au prix du lait

Entre 2008 et 2017, les fermes « moyennes » du Rica se sont agrandies : + 18 ha, + 20 UGB et + 118 000 l de lait produits (de 312 000 à 430 000 l), pour un nombre d’actifs stable. Cependant, pointe le Civam, cette progression des moyens de production n’a pas été suivie d’une augmentation du résultat courant, lequel reste directement lié au prix du lait. Les exploitations laitières ont ainsi subi de plein fouet les deux crises qui ont suivi la rallonge des quotas laitiers en 2008 et la fin des quotas en 2015, avec un résultat courant autour de 10 000 € par actif en 2009 et 2016 (pour un résultat moyen de 18 800 € en moyenne sur la période).

 

Poids des concentrés

En système traditionnel, l’augmentation de la production de lait va de pair avec l’augmentation de la consommation des concentrés, et le produit supplémentaire est consommé par les charges de production. Il n’y a pas non plus d’économies d’échelle, relève l’étude du Civam : même avec davantage de lait, on ne constate pas de baisse de charges au litre de lait.

Fermes pâturantes

Plus autonomes

Grâce à l’herbe, les besoins en concentrés sont divisés par deux : 530 kg/UGB contre 1 020 kg/UGB en système traditionnel. Le recours aux concentrés est encore plus réduit en conduite bio, avec 345 kg/UGB. Par voie de conséquence, la part des concentrés achetés est également réduite : 330 kg/UGB en système pâturant non bio, contre 823 kg/UGB en système traditionnel.

« En moyenne sur dix ans, dans les systèmes pâturants, 53 % de la ration des animaux provient de l’herbe pâturée. Ce qui correspond à l’équivalent de 195 jours dans l’année où les vaches ne seraient nourries qu’à l’herbe pâturée », précise Romain Dieulot. Le coût alimentaire est de 78 €/1 000 € (dont 38 € de concentrés et de fourrages achetés), ainsi deux fois moins qu’en système traditionnel (133 €/1 000 l, dont 81 € d’achats extérieurs).

 

Une meilleure résilience

En plus d’être autonomes, ces exploitations sont davantage économes. Avec moins d’intrants achetés (et donc moins de lait produit), les systèmes qui privilégient le pâturage de l’herbe résistent mieux aux fluctuations des prix. Ainsi, lors des crises de 2009 et 2016, leur résultat courant n’est pas descendu en deçà de 16 000 € par actif, et s’établit à 29 200 € en non bio en moyenne sur la période 2008-2017. Elles sont également meilleures dans la création de la valeur ajoutée à l’hectare et à l’actif. Les charges d’exploitation des surfaces en herbe s’élèvent en moyenne à 134 €/ha (semences, amendement, engrais, récolte et semis par ETA et Cuma, hors coûts de mécanisation propres).

 

Plus facilement transmissibles

Moins capitalisées, les fermes pâturantes sont plus facilement transmissibles : 171 000 €/UTH d’actifs (hors foncier) en moyenne contre 217 000 €/UTH en système traditionnel.

Sophie Bergot

(1) Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural. (2) Réseau d’information comptable agricole du ministère de l’Agriculture.