Plus de la moitié des animaux qui devaient être présentés à des concours ou des ventes n’ont pu venir au Space, 60 % ayant été testés positifs à la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui a explosé dans les grandes régions laitières du nord-ouest, touchant les vaches comme les brebis. « Il y aura des conséquences à long terme », a déclaré devant la ministre de l’Agriculture Jean-Yves Rissel, responsable des présentations animales du salon, listant les pertes de lait, les avortements ou encore les conséquences psychologiques pour les éleveurs face à la mort et à la souffrance de leurs animaux.
Manque d’anticipation contre la FCO
« L’année prochaine vous serez mieux immunisés », a assuré la ministre à un éleveur qui soulignait le manque de vaccinations anticipées en Bretagne, alors que la maladie avait déjà fait des ravages dans d’autres régions en 2024. Le gouvernement a lancé une campagne de vaccination en juillet, un début trop tardif selon certains éleveurs, même si les vaccins étaient disponibles avant.
« Le sanitaire, ça va être notre sujet dans les années qui viennent avec le changement climatique », a ajouté la ministre de l’Agriculture, quelques mois après le lancement des Assises du sanitaire, censées aboutir sur des « contrats sanitaires » de filière en 2026.
Éradiquer la dermatose nodulaire contagieuse
Annie Genevard aurait aimé voir les vaches montbéliardes qu’elle affectionne, mais la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui sévit dans la région alpine, a limité leur présence au Space. « On est en train de l’éradiquer », s’est félicitée la ministre auprès d’un autre éleveur à propos de la DNC, rappelant la stratégie de vaccination, de limitation des mouvements et de « dépeuplement » total des foyers.
Une position qui a de nouveau provoqué la colère de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, rejointe dans sa contestation de l’abattage systématique par la Coordination rurale, deuxième syndicat. « On est en train d’éradiquer les éleveurs », s’est indigné le porte-parole national de la Confédération paysanne Stéphane Galais, après une action symbolique sur le stand du ministère pour mettre en scène « le meurtre » d’agriculteurs au nom de la « biosécurité » ou de « l’agro-industrie ».
Mobilisations syndicales
Un à un, une dizaine de militants se sont écroulés, couverts de faux sang, avant que des éleveurs ne prennent la parole pour témoigner. En plus d’un fonds d’indemnisation pour les pertes directes et indirectes liées à la FCO, ils demandent au gouvernement une « vraie concertation » pour « imaginer les alternatives aux mesures d’abattage total […] inhumaines ».
La Confédération paysanne a rejoint l’appel intersyndical à la mobilisation du jeudi 18 septembre. La FNSEA s’est distinguée en lançant, deux jours avant l’ouverture du salon, un appel à des mobilisations le 26 septembre. De quoi débloquer la venue de la ministre, initialement annulée face aux restrictions des déplacements officiels en période de gestion des affaires courantes après la démission du gouvernement Bayrou.
Il faut « remettre le dossier agricole des importations sur le haut de la pile », a déclaré le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, « parce qu’au moment où la France se cherche un gouvernement », l’Union européenne « avance » sur l’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur, dénoncé par l’ensemble du monde agricole français, le gouvernement Trump « continue » à taxer et l’Ukraine exporte dans l’Union européenne des produits qui ne sont « pas aux mêmes standards ».
La mobilisation prendra la forme de « contrôles de produits dans les supermarchés » et dans les départements frontaliers, d'« interpellations des députés européens » ou de « mobilisations » devant les préfectures. Après les grandes mobilisations de l’hiver 2024 et les défilés de tracteurs à Paris, la FNSEA avait indiqué ne pas vouloir participer au mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre pour éviter une « récupération politique ».
Comme après la censure partielle de la loi Duplomb par le Conseil constitutionnel en août, le syndicat a fait le choix d’actions décentralisées, au moment où les grands travaux agricoles de l’été (vendanges, récoltes, descente d’estive) ne sont pas tous achevés.